A 25 ans, ils quittent tout pour cultiver leurs légumes
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Dans le portrait du jour on vous parle de Laurie et Jean-Philippe du potager d’Aillou. 2 jeunes d’à peine 25 ans qui sont allés à sens contraire de leur génération en choisissant la voie du grand air. Jean Philippe a fait des études pour monter son activité de maraîchage, Laurie pour devenir écrivaine. Si l’un est déjà un amoureux de la terre, l’autre va devoir se remonter les manches ! Et pourtant dans leur village perché au cœur des Pyrénées, ce changement de vie à 180°C est la meilleure décision qu’ils aient pris.
Dans ce portrait, ils vous partagent leur projet de maraîchage et d’autosuffisance alimentaire. Ils vous donnent aussi leurs meilleurs conseils si vous aussi vous rêvez de faire pousser vos carottes en regardant les vaches brouter !
Retrouver Laurie et Jean-Philippe du potager d’Aillou:
- Le blog: www.le-potager-daillou.com
- La chaîne YouTube: Le potager d’Aillou en vidéos
- Instagram: @le_potager_daillou
On parle de quoi ici ?
Changer de vie pour devenir jardinère (presque) pro !
Le potager d’Aillou, une vie au calme de la Montagne
Mélissandre : Bonjour à tous on vous retrouve aujourd’hui avec Laurie et Jean Philippe qui sont les personnes qui sont derrière le potager d’Aillou. On va discuter de leurs projets et de leur belle aventure.
Est-ce que vous pouvez vous présenter, et nous dire qui vous êtes et où est ce que vous êtes aussi ? On ne situe pas du tout Montaillou sur la carte !
Laurie du Potager d’Aillou : On habite en Ariège dans les Pyrénées. Montaillou, c’est un village à la frontière de l’Aude et de l’Ariège dans le sud de la France. Il y a une vingtaine d’habitants dans le village et c’est très tranquille. C’est vraiment une vie paisible, au calme et au fond de la montagne.
J’ai vécu pendant 5 ans à Toulouse, et ce n’est pas pareil !
Mélissandre : Et encore Toulouse ça va pour nous ! Enfin, à la base on habitait en région parisienne et actuellement en Bourgogne. Je pense que plus on va vers le sud, mieux on se sent peut-être !
On a vu les photos sur vos réseaux et sur votre blog, votre coin a l’air très calme et épanouissant. Rien à voir avec métro-boulot-dodo !
Laurie du Potager d’Aillou : Non ça n’a rien à voir ! Je me lève assez tôt le matin je travaille sur mon blog, après en soit on travaille quand on veut. On travaille beaucoup quand même, mais ça n’a rien à voir avec la ville, parce qu’on est au grand air. On a de l’air pur, la montagne et un panorama de rêve ! Il n’y a pas de voisin, mais on a un chat et des poules.
Mélissandre : Ça fait combien de temps que vous êtes là ?
Laurie du Potager d’Aillou : Nous avons officiellement emménagé ici en octobre 2021, donc ça fait 5 mois.
Mélissandre : Est-ce que vous avez acheté le terrain ou est-ce que c’était dans la famille ?
Laurie du Potager d’Aillou : C’est une grande maison familiale du côté de Jean Philippe. On y vit pour le moment temporairement, mais après on aimerait acheter un petit logement sur Montaillou. Pour l’instant, ça nous permet de cultiver nos fruits et légumes à proximité.
Comment est né ce projet de vie hors du commun ?
Mélissandre : Pour remettre un peu le cadre, c’est quoi exactement votre projet ?
Laurie du Potager d’Aillou : Jean Philippe est en train de s’immatriculer pour devenir maraîcher. Le projet, est de faire du maraîchage sur Montaillou mais aussi aux alentours. Nous voulons vendre nos légumes aux alentours. On a fait une année test l’an dernier, pour voir ce qui fonctionne ou non.
Dans la maison il y a 2 potagers, enfin 2 parcelles où on peut cultiver nos légumes. Jean Philippe a la chance de connaître pas mal de monde, donc ça lui a permis d’avoir plus de parcelles. On lui a prêté des terres cette année-là, et il a signé pour une location d’une parcelle de 4000 m².
On a presque 2 hectares de terrain. Certains terrains ont été prêtés par les villageois qui ont vu ce projet naître dans le village et qui ont voulu nous aider. Il y a une certaine forme d’entraide dans le village.
Mélissandre : C’est peu commun de voir des jeunes de 25 ans s’installer et se lancer dans une agriculture paysanne. Ça s’est fait comment ?
Laurie du Potager d’Aillou : Jean-Philippe a toujours voulu cultiver des fruits et légumes, et moi ce n’était pas du tout inné. Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie.
Mélissandre : Qu’est-ce que tu faisais avant de t’installer là ?
Laurie du Potager d’Aillou : Je suis passée par plein de choses ! J’ai fait une licence de lettres parce que j’avais l’ambition de devenir écrivain. Ça ne m’a pas quittée, mais pour l’instant je fais d’autres choses. J’ai fait un service civique, j’ai voulu faire du social mais ça n’a pas fonctionné, bref j’avais 1000 idées en tête.
Finalement on s’est retrouvé il y a 2 ans, et à ce moment-là, je commençais déjà à avoir envie de vivre à la montagne et de commencer à cultiver des légumes. On s’est mis ensemble et on a discuté de ce projet-là qu’il comptait mettre en place et c’était parti !
On a démarré il y a un an et depuis finalement j’adore cette vie-là ! J’adore cultiver des légumes.
Le projet d’autosuffisance alimentaire de Laurie et Jean-Philippe
Viser l’autosuffisance
Mélissandre : Sur ton blog tu parles beaucoup d’autonomie alimentaire, comment ça s’articule avec votre projet de maraîchage ?
Laurie du Potager d’Aillou : On a 2 potagers sur la maison avec au total 500 m². Jean-Philippe s’occupe cette année de l’exploitation maraîchère, parce que c’est son travail, et moi justement je vais m’occuper de ces 2 parcelles.
Sur ces 2 potagers, je vais lancer le projet d’autosuffisance. J’ai déjà commencé à élaborer ce que j’allais y planter, ce que j’allais semer et quand j’allais le semer. On a déjà commencé le projet l’année dernière, mais on a eu quelques loupés, parce que c’était la première année.
Par exemple, on a oublié de planter les courges, donc on n’a pas eu de courges cet hiver. Cette année on va faire les choses autrement, on va réfléchir comment mieux faire pour progresser.
L’idée est qu’on devienne le plus autonome possible en fruits et légumes grâce à ces 2 parcelles. On apprend de nos erreurs aussi !
Jean Philippe : L’an dernier, on travaillait chacun d’un autre endroit, et on avait pas le temps de gérer les 2. Ça fait du boulot.
Comment s’articule la vie d’un potager ?
Mélissandre : Pour avoir un projet d’autosuffisance comme ça, quelle taille de terrain faut-il pour pouvoir vivre avec ce qu’on cultive ? Est-ce qu’il faut des prérequis ? Est-ce que ça demande beaucoup de temps et d’investissement ?
Jean Philippe : En fait ça dépend surtout des besoins qu’on a. Avec 400 m², normalement on peut produite pour 2 ou 3 personnes pour 1 an. Avec les rotations de culture, les nouvelles techniques et la permaculture, on peut réduire les parcelles et avoir une production suffisante. Pour l’investissement en temps, il faut y être presque tous les jours.
Mélissandre : Souvent quand on ne s’y connait pas, on pense que le potager c’est qu’en saison estivale. Est-ce que vous avez une pause hivernale ? Surtout en étant à la montagne avec la neige ?
Jean Philippe :Il y a une pause sur les plantations, mais tout le travail du sol se fait en hiver. On fait un amendement en fumier de cheval, de bovin ou de chèvre en hiver. On le met en décembre-janvier, comme ça il a le temps de se mélanger à la terre avec les conditions climatiques. En février et mars, on commence à retourner la terre, mais on ne laboure pas. On passe juste le motoculteur pour mélanger la matière organique sur les 5 premiers centimètres.
« On s’inspire de la permaculture, en faisant à notre manière ! »
Mélissandre : Tu nous parlais de permaculture, c’est ce que vous faites actuellement ?
Jean Philippe : On s’en inspire, la permaculture n’est pas mon projet puisque je veux vendre. La permaculture ce n’est pas vendre, c’est être suffisant et faire pour soi. Le principe même de la permaculture repose là-dessus.
Il y a des choses où je ne suis pas d’accord, et d’autres où je le suis. Je m’inspire un peu de tout.
William : C’est une histoire de taille de production avec la permaculture.
Jean Philippe : C’est pour ça que les gens qui vendent des légumes en disant « permaculture », pour moi ce n’est pas ça.
Après, ce n’est que mon avis ! Il y a des techniques de la permaculture qu’on utilise : la culture sur butte ou le mélange des cultures. Par exemple cette année, on a semé des radis en même temps que les carottes, parce que les radis on les ramasse plus tôt donc les carottes ont plus le temps de se développer. Ça c’est des principes de la permaculture.
A contrario, nous faisons un travail du sol, tandis qu’en permaculture normalement on laisse faire les choses. On arrose aussi nos cultures alors qu’en permaculture, au long terme on n’est plus censé arroser énormément.
Mélissandre : Donc ça c’est pour le côté maraichage, comment faites vous sur vos parcelles privées destinées à l’autosuffisance ?
Laurie du Potager d’Aillou : Moi j’aimerai m’inspirer des principes de la permaculture : la polyculture, créer des buttes, ne pas retourner le sol et faire les choses naturellement.
Une démarche écologique et sociale derrière le potager d’Aillou
Mélissandre : Pourquoi c’est important pour vous de faire de cette manière-là et pas de manière plus traditionnelle avec beaucoup de volume derrière et beaucoup de ventes ? Pourquoi adopter un mode de culture plus naturel ?
Laurie du Potager d’Aillou : Personnellement, je ne veux pas utiliser de pesticides, ni tout ce qui est chimique, parce que pour moi c’est toxique. Ce n’est pas sain et naturel. Je préfère avoir une récolte moins abondante, mais de meilleure qualité, plutôt qu’une récolte plus grande mais moins bonne.
Jean Philippe : Il ne faut pas se le cacher, c’est économique aussi. A la montagne, il y a des élevages de bovins et de chevaux. En connaissant un peu de monde, on fait du troc. Alors que les engrais, il faut les acheter. Sur l’exploitation maraîchère, ça ne me dérangerait pas d’utiliser des engrais ponctuellement en cas de nécessité.
Il y a une réalité économique derrière. Si on plante 200 salades et qu’on subit une attaque de champignons, au final on vend zéro. Jusqu’ici on a utilisé du purin d’ortie fait par nous-mêmes. Sur l’exploitation j’essaye de ne faire que ça.
Comme on vit de cette exploitation, si un jour je suis obligé de faire autrement, c’est malheureux mais faut le faire. Pour l’amendement organique, ce sont les mêmes apports donc autant utiliser le fumier naturel et moins cher.
C’est aussi le principe de la permaculture, il faut limiter les intrants. Comme maintenant on a des poules, on va réutiliser le fumier des poules.
Peut-on tout faire pousser et partout ?
Réfléchir à la localisation du terrain pour lancer ses cultures
William : Pour le moment vous avez eu de bons résultats quand même ?
Jean Philippe : Vue les conditions climatiques qu’on a ici, c’est vraiment très bien. Ça dépend des légumes aussi, on n’a pas eu énormément de tomates par exemple. Il y 1300 M d’altitude, et ça gèle à partir de septembre. On réfléchit à mettre une serre naturelle.
William : Donc la localisation du terrain est une donnée importante si on veut pouvoir faire pousser des choses variées ? Est-ce qu’il y a des choses que vous ne pourrez pas faire pousser en étant en montagne ?
Jean Philippe :Les melons et les concombres je n’ai même pas essayé ! Il faut des températures pendant la nuit, supérieures à 15°, ce qui est impossible en ici. Souvent le printemps ici n’est pas terrible. Cette année en hiver on est descendu à -10 et ça repasse en positif dans la journée. Il y a des écarts de température assez élevés qui font que certains légumes ne poussent pas bien.
De l’eau, de la lumière et même des cailloux pour rendre une plante heureuse !
Mélissandre : Si vous aviez dû acquérir une terre et la choisir, quels auraient été les prérequis ?
Jean Philippe : Le mieux est d’avoir de l’eau à proximité. Par exemple un ruisseau ou une nappe phréatique pas trop profonde. Un terrain pas trop argileux, sinon dès qu’il pleut et que ça sèche, ça devient cailloux. Pour planter et pour l’enracinement des plantes ce n’est pas possible. Il ne faut pas trop d’ombre non plus. Sinon, la pente du terrain n’est pas problématique, il le faisait bien avant ! D’ailleurs, les cailloux sont bénéfiques pour les plantes. Ils forment des galeries et l’eau et l’air s’infiltrent mieux.
Mélissandre : Je pense qu’on aurait pu avoir une idée reçue sur les cailloux en pensant que ça empêche tout de pousser.
Jean Philippe : Non justement, le terrain caillouteux où on avait mis les haricots verts l’an dernier est celui qui a le plus donné.
Mélissandre : Pour l’autosuffisance, est-ce que vous visez que l’autonomie alimentaire ou aussi énergétique et en eau ?
Jean Philippe : Pour le moment, c’est surtout en fruits et légumes. On a mis des poules pour avoir des œufs, mais c’est un peu plus compliqué pour le reste. On essaie d’être autonomes aussi en bois de chauffage. L’eau pour l’arrosage des 2 parcelles que va travailler Laurie est récupérée. Peut-être sur le long terme on pourra apporter des modifications à notre habitation pour aller dans le sens de l’autonomie.
La vie animale à côté du potager
Mélissandre : Vous nous disiez que vous aviez des poules, est-ce que vous prévoyez d’avoir d’autres animaux ?
Laurie du Potager d’Aillou : On a 4 poules, un coq et un chaton. On prévoit d’avoir des pintades et d’autres poules. On va se développer au niveau des poules en leur construisant un poulailler plus grand pour avoir plus d’œufs et pourquoi pas en vendre un petit peu.
Dans ce projet, on est dans une maison familiale donc pas vraiment chez nous. L’été la famille vient ici donc c’est compliqué d’aménager tout l’espace pour accueillir plein d’animaux. Sur le long terme peut être quelques biquettes mais pour le moment on est plutôt centré sur les poules.
Mélissandre : Et le chat ça se passe bien avec les poules ? On prend des conseils pour plus tard !
Laurie du Potager d’Aillou :Ça se passe vraiment très bien, d’ailleurs c’est plutôt l’inverse qui peut arriver : les poules qui chassent le chat !
William : Et avec 4 poules vous arrivez à avoir combien d’œufs ? Est-ce que c’est régulier ? Si on veut avoir assez d’œufs pour 2 personnes par exemple, combien il faudrait de poules ?
Laurie du Potager d’Aillou : Ça dépend de la consommation. On a eu nos poules en novembre et l’hiver pour pondre c’est compliqué. Pour l’instant il y en a qu’une seule sur les 4 qui pond 3 ou 4 fois par semaine. C’est assez irrégulier donc on attend le printemps pour qu’on ait toutes les poules qui pondent. Si elles pondent tous les jours à partir du printemps ça nous fait 4 œufs par jour.
Jean Philippe : Elles sont jeunes aussi, on les a eues entre 5 et 6 mois. Normalement ça commence à pondre à partir de 6 mois. Comme elles sont jeunes ce n’est régulier. Une poule commence à être régulière au bout de 8/9 mois. Ça dépend aussi des conditions climatiques. Quand les températures dépassent 15°C, elles pondent presque tous les jours.
William : Je ne sais pas combien de temps ça vit une poule ? Est-ce que ça pond toute sa vie ?
Jean Philippe : Non ça ne pond pas toute sa vie. Une poule pond jusqu’à 5 ou 6 ans et peut vivre une dizaine d’années. On un coq aussi parce qu’on aimerait bien avoir des poussins.
Devenir paysan à 25 ans, top ou flop ?
Avant le potager d’Aillou, la vie de fausse citadine
Mélissandre : Pour toi Laurie ça a été quand même un gros changement de vie tout ça ? Comment ça s’est passé ?
Laurie du Potager d’Aillou : Quand je suis allée à Toulouse j’étais contente de partir, parce que je partais de chez mes parents. Honnêtement je n’ai jamais aimé. Je viens de près de Carcassonne donc je vivais à la campagne et je n’ai pas aimé la ville. Je n’ai jamais vraiment été citadine.
En 2018 j’ai vu un reportage à la télé sur un monsieur dans les hautes Pyrénées qui vivait de sa permaculture. Ce jour-là, je me suis dit que j’aimerais beaucoup faire ça.
Déjà en vivant à Toulouse, je commençais déjà à avoir cet état d’esprit de vivre un peu plus librement et plus sainement dans la montagne. Puis en 2019 j’ai revu Jean Philippe, et c’est à partir de là qu’il a commencé à me faire découvrir son univers.
Un choix de vie pas toujours accepté par les proches
Mélissandre : Vous êtes assez jeunes et ça va à l’encontre de la tendance de notre génération, est-ce qu’il y a eu une rupture avec vos amis ou est-ce qu’on regarde votre projet d’un œil un peu bizarre pour votre âge ?
Laurie du Potager d’Aillou :Non, on n’est pas toujours compris, surtout par la famille. Par exemple ma mère a peur de l’isolement dans la montagne, le fait que ce ne soit pas conventionnel et du manque de sociabilité, alors que c’est l’inverse. Je vois plus de monde en étant à Montaillou qu’à Toulouse. Je me sens mieux à Montaillou qu’à Toulouse. Ce sont 2 vies complètement différentes.
C’est compliqué pour eux de se dire que j’ai 25 ans et que je vis au milieu de nulle part. Ce n’est pas normal pour eux, parce que ce n’est pas une vie normale pour 2 jeunes de 25 ans. Pourtant, il y en a de plus en plus qui le font et qui partent des villes. Autour de nous, il y a énormément de jeunes qui arrivent et qui s’installent en montagne.
Ce n’est pas encore rentré dans les têtes à cause de beaucoup de préjugés. Le jeune doit être en ville, s’amuser, avoir plein d’amis, sortir en boîte etc. Je me retrouve beaucoup plus à la montagne et je préfère cette vie-là pour moi.
Le problème, c’est que j’avais toujours donné une image de moi assez citadine. Donc le jour où je leur ai annoncé que je partais vivre à Montaillou cultiver des carottes et des poireaux, ils n’ont pas compris. Maintenant ils commencent à s’y faire.
Mélissandre : Je comprends, quand on a abordé succinctement notre projet au long terme de vivre simplement sur un terrain à faire pousser nos légumes ça a été pareil.
C’est compliqué les schémas de pensée surtout si tu as fait des études différentes ou que tu n’as pas été élevé comme ça.
Laurie du Potager d’Aillou : C’est ça ! C’est vrai que je n’avais pas du tout le profil de la jardinière. J’étais vraiment axée sur les études. Je voulais faire un master, peut être un doctorat et puis finalement j’ai lâché les études à bac+3. C’est comme ça que je suis heureuse. Il faut qu’ils l’acceptent mais ce n’est pas toujours facile parce que pour eux ce n’est pas une vie de rêve.
C’est dur de leur faire comprendre que justement c’est mon rêve. Ça change vraiment avec la Laurie d’avant. Ce qui leur fait peur c’est qu’on se plante finalement dans nos projets. Ils ont peur que l’exploitation ne fonctionne pas, que ce que je fais sur internet ça ne marche pas non plus.
Je leur dis que si on n’essaye pas, on ne peut pas savoir. Donc autant prendre le risque et encore ce n’est pas vraiment un risque puisque notre année test a bien marché. On a peu de frais, donc ça aide.
Loin des villes, près du cœur et de l’entraide
Jean Philippe : C’est l’avantage de vivre ici, on a moins de besoins qu’en ville. Comme on n’a pas un cinéma à moins de 30 minutes, on n’y va pas ou rarement. Ça diminue les frais !
Pour revenir à ce qu’on soit éloigné de tout, ce n’est pas forcément le cas. Dans un rayon de 10 km, on a une quinzaine de restaurants. Les 2 principales villes sont à 30 minutes. Une demi-heure de voiture ici, ce n’est pas une demi-heure de voiture à Paris. Cette année au village, il y a eu 6 jeunes qui sont arrivés pour vivre à l’année.
C’est une vie de village, tout le monde se connaît ! C’est autant un avantage qu’un inconvénient, parce que si on est en froid avec quelqu’un, ça se sait.
Mélissandre : Tu vois au final on habite en ville, et on n’a pas réussi à vraiment créé de liens avec des gens en s’installant. En ville chacun est chez soi et ça s’arrête là.
Jean Philippe : Il nous est arrivé quelque chose de pas mal, on n’avait pas ouvert les volets avant 10h pour pas que la maison se refroidisse et un voisin nous a appelé pour savoir si on allait bien ! Il était à peine 10h du matin !
Mélissandre : C’est bienveillant, il vous arriverait n’importe quoi, il y aura toujours quelqu’un qui s’en rendrait compte.
William : L’entraide doit se faire plus facilement qu’ailleurs non ?
Laurie du Potager d’Aillou : Oui absolument !
Mélissandre : La peur que ça ne marche pas est un peu effacée par l’exploitation maraîchère. Il y aura toujours besoin de fruits et légumes ! C’est un besoin primaire, on a besoin de manger.
Laurie du Potager d’Aillou : C’est ce que Jean-Philippe me disait, se nourrir c’est obligatoire.
William : En l’espace d’un an vous avez dû apprendre tellement de choses. Pour des jeunes, avoir l’audace de faire un projet comme ça, je trouve que ça a beaucoup plus de valeur.
« La liberté de faire ce qu’on aime, ce qu’on veut, où on veut »
Mélissandre : Surtout toi Laurie, tu as du apprendre beaucoup de compétences ! C’est un peu ton patron Jean Philippe en fait !
Laurie du Potager d’Aillou :Oui c’est un peu ça ! C’est vrai qu’en l’espace de 2 ans, j’apprends tous les jours quelque chose. Je découvre tous les jours plein de choses parce que je ne suis pas encore une pro du jardinage.
Cette vie-là me permet de me sentir bien, de me sentir sereine et surtout de me sentir libre. Cette liberté que je n’ai jamais eue avant et que personne ne comprends parce qu’on n’est plus dans les codes. Je m’en fiche de tout ça, je suis bien à la montagne je me sens moi-même, je me sens bien, libre tout simplement.
Je pense que c’est le mot qu’il faudrait retenir de tout ça c’est liberté. La liberté de faire ce qu’on aime, de faire ce qu’on veut, et là où on veut.
Mélissandre : C’est un très beau mot de la fin ! Quelque chose à ajouter ?
Jean Philippe : Je rajouterai juste qu’il faut quand même réfléchir avant de se lancer et ne pas sauter sans rien connaître. C’est très facile de se tromper et d’abandonner au bout d’un an. Il faut savoir où on va et avoir un petit d’expérience.
Mélissandre : D’accord, merci du conseil ! Pour vous retrouver, on mettra tous les liens qu’il faut. On vous dit à une prochaine 😉
Laurie du Potager d’Aillou : Au revoir !