couches lavables avec bébé
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Pourquoi ne pas mettre de couches lavables à son bébé ? Interview de l’experte !

Vous allez bientôt accueillir un mini-vous à la maison ? L’arrivée d’un nouveau bébé, que ce soit le premier ou non chamboule toutes nos habitudes. C’est aussi le moment où l’on remet en question notre façon de consommer et de faire les choses. Pourquoi ne pas vous initier au zéro déchet et à un mode de vie plus sain pour votre famille en se lançant dans les couches lavables ?

Quoi des couches lavables ?! Mais c’est dégoutant ! On ne va pas revenir à l’époque de nos grand-mères quand même ! Et la place de la femme émancipée et indépendante tu y as pensé, c’est antiféministe ça ! Laver du caca de bébé ? Jamais de la vie ! Tu as vu le prix que ça coûte ? Des couches d’occasion c’est moins cher ? Alors là c’est carrément crade.

Toutes ces remarques, je me les suis faites avant de vraiment m’intéresser à cette alternative pour les bébés. Je ne suis pas maman, alors j’ai décidé de faire intervenir Chloé, mon experte en couches lavables et alternatives écologiques pour un bébé au naturel. Chloé va adresser un à un chacun des arguments anti couches lavables !

Chloé est maman de 2 enfants, qu’elle accompagne joyeusement sur le chemin de la vie en essayant de leur transmettre ses valeurs écologiques et son engagement pour le vivant. Elle est aussi auteure du blog Ralentir en famille où elle vous parle de slow parentalité et de vie plus simple pour s’épanouir.

Retrouver Chloé :

On parle de quoi ici ?

Qui est Chloé notre experte en couches lavables ?

chloé teil
Chloé Teil de Ralentir en famille. Crédit photo: Chloé Teil

Mélissandre : Bonjour à tous, bienvenue aujourd’hui dans une nouvelle interview d’experts d’écologie au quotidien. J’ai le plaisir d’accueillir Chloé au micro des Écolos Imparfaits. Bonjour Chloé est ce que tu pourrais te présenter en quelques mots et me dire qui tu es et qu’est-ce que tu fais ?

Chloé de Ralentir en famille : Bonjour à tous ! Je suis très contente d’être au micro des Écolos Imparfaits aujourd’hui. Je suis Chloé Teil, à la base j’étais ingénieure biologiste dans une autre vie et après la naissance de mes enfants j’ai eu envie de faire quelque chose qui avait plus de sens pour moi.

Je me suis réorientée sur plusieurs métiers que je fais en parallèle. Conseillère en couches lavables c’est quelque chose que je fais depuis plusieurs années, parce que j’ai pratiqué avec mes enfants tout le temps où ils ont porté des couches. En cumulé, ça fait plus de 5 ans. A côté de ça, j’ai un blog aussi qui s’appelle Ralentir en famille et sur lequel je parle d’écologie, de parentalité, et de retour à l’essentiel. Je parle de retourner à des choses simples pour prendre soin de soi, soin des autres et soin de la planète.

J’ai 2 sites internet que je gère en parallèle, et je m’occupe aussi de mes enfants qui sont en instruction famille. Ça prend pas mal de temps !

Mélissandre : Tes enfants sont en instruction en famille, c’est à dire que tu fais l’école à la maison c’est ça ?

Chloé de Ralentir en famille : Oui, c’est plus connu sous le terme « école à la maison » que je n’aime pas trop, parce qu’on ne fait pas l’école à la maison. Mes enfants ne vont pas à l’école classique.

C’est quoi la slow life ?

D’où ça vient ?

randonnée vacances écologiques en famille

Mélissandre : C’est super intéressant, je suppose que ça rentre dans le contexte de la slow Life dont tu parles sur ton  blog ? Est-ce que tu pourrais d’ailleurs définir ce que c’est « slow Life » ? Peut être que des personnes ne connaissent pas et se disent que c’est un nouveau concept à la mode.

Chloé de Ralentir en famille : Ce n’est pas vraiment nouveau en fait, ça date de la fin des années 1980. Donc ça fait déjà un petit moment qu’on en parle. Ça a commencé avec le mouvement slow food en Italie, qui était un mouvement qui prône le le retour à une alimentation plus simple basée sur des produits bruts, locaux et sains. Tout ça en opposition à la fast food. Puis après c’est un mouvement qui s’est élargi et qui s’est développé dans tout plein de domaines. Que ce soit pour la mode, par exemple on a le slow fashion, pour l’éducation on a le slow parenting, pour les cosmétiques un label maintenant reconnu en France est la slow cosmétique.

Dans plein de domaines de la vie ça existe, et l’ensemble représente ce qu’on appelle la slow Life. C’est revenir à des choses plus simples, prendre le temps de vivre et sortir un peu de sa roue de hamster où on est dans un rythme à 1000 à l’heure. On ne prend pas le temps, ni de recul sur ce qu’on fait. La slow life, c’est reprendre le temps d’apprécier son quotidien et essayer de passer des bons moments de qualité avec les gens qu’on aime. C’est se contenter de moins aussi, revenir à des choses plus simples.

C’est plutôt travailler moins pour gagner moins que de travailler plus pour gagner plus. C’est consommer moins mais mieux.

Travailler moins pour vivre plus

Mélissandre : C’est ce qu’on voit beaucoup aujourd’hui : il y a une augmentation de la consommation des biens et de la fast life. Et on observe que quand la consommation augmente, le bien-être et la sensation de bonheur et d’être heureux diminuent. L’idée c’est de revenir à un équilibre entre les 2.

Chloé de Ralentir en famille : C’est ça, être plus serein et zen.

Mélissandre : Ça ce n’est pas toujours facile !

Chloé de Ralentir en famille : Non ce n’est pas facile, on est drogué à l’adrénaline ! C’est très difficile d’en sortir.

Mélissandre : Je pense que ce n’est pas du tout la norme aujourd’hui d’être dans une démarche slow life. Ce n’est pas la norme, donc si tu as un entourage qui n’est pas comme ça et que tu vis dans une grande ville, il faut se recréer tout un cadre qui n’existe pas. C’est nager à contre-courant et des fois, il faut s’accrocher et se forcer à ralentir.

Chloé de Ralentir en famille : Il faut arriver à garder le cap quand on veut on veut ralentir, parce qu’on a tendance à être tout de suite ramener à la vie à 1000 à l’heure.

Le déclic de Chloé pour changer de vie

Tout a commencé avec une grossesse

bébé en couches lavables

Mélissandre : Et donc toi ça a commencé il y a 5 ou 6 ans c’est ça ?

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Chloé de Ralentir en famille : Ça a commencé avec ma première grossesse. Mon ainé va avoir 5 ans et c’est à ce moment-là, que j’ai commencé à me poser des questions.

Je ne voulais pas manger de choses toxiques, ou en mettre sur ma peau et pour mon bébé. J’ai commencé à réfléchir à tous mes gestes du quotidien, et à l’impact que ça pouvait avoir sur ma santé et celle de mon enfant.

Petit à petit, j’ai découvert tout un monde qui s’est ouvert à moi. Ça va de l’alimentation, à la façon de se soigner, de consommer, d’éduquer mes enfants… Ça touche énormément de sujets, et c’est ça qui a été l’élément déclencheur.

Une reconversion professionnelle pleine de sens

Chloé de Ralentir en famille : Ça a aussi remis en question ma vie professionnelle, parce que mon métier n’avait plus vraiment de sens. Travailler pour un gros groupe industriel n’était plus vraiment aligné avec mes valeurs. La remise en question a vraiment été globale. Mon compagnon était dans le même cheminement donc ça s’est fait ensemble.

Mélissandre : Ton compagnon aussi a fait une reconversion professionnelle ?

Chloé de Ralentir en famille : En fait on travaillait ensemble, dans la même entreprise. On l’a quittée tous les 2 en même temps. C’était quand même audacieux, ça peut faire peur de quitter 2 CDI stables. On n’était pas à notre premier essai, parce qu’on avait déjà tout quitté pour partir en voyage quelques années avant.

Mélissandre : Il y aurait pu avoir plein de possibilités de reconversion après ton ancien métier. Aujourd’hui tu as différents métiers et tu as choisi en partie les couches lavables. Comment tu en es venue à te dire que ce domaine était viable financièrement pour toi et en adéquation avec tes valeurs ?

Pourquoi accompagner les parents dans les couches lavables ?

couche lavable comment ça marche
Couches lavables. Crédit photo: Chloé Teil

Chloé de Ralentir en famille : En fait, j’ai pris toutes mes compétences et j’ai fait une sorte de bilan en suivant la méthode l’orientation positive. J’ai fait un bilan de ce que j’aime faire, de mes zones de compétenceS, mes zones de flow, ce en quoi je veux contribuer etc.

C’est comme ça que je suis arrivée aux couches lavables. C’était une première étape avant d’aller plus loin sur d’autres sujets en lien avec la parentalité et l’écologie. Pour moi c’était plus facile parce que c’est un sujet que je maitrise vraiment très bien.

Mélissandre : C’est vrai que les couches c’est très pratico-pratique. Pour tes clients, l’offre est claire. Je te propose qu’on rentre dans le sujet des couches lavables parce que c’est aussi pour ça que je voulais faire cette interview. Chloé tu es experte et conseillère en couches lavables. Je pense qu’il y a beaucoup d’idées reçues, moi la première, sur le sujet.

Franchement, la première fois qu’on m’a parlé de couches lavables, j’ai écarquillé les yeux.

Je n’ai pas d’enfants, je n’ai jamais essayé donc je ne suis pas bien placée pour en parler. C’est pour ça que je voulais te faire intervenir, je n’ai aucune légitimité pour dire si c’est bien ou non d’en utiliser. D’un point de vue écologique, je dirai oui parce que ça s’apparente à des serviettes ou des culottes de règles lavables.

Les arguments anti couches lavables et comment y répondre ?

Les couches lavables sont un retour en arrière

étendre la lessive

Mélissandre : Qu’est-ce que tu répondrais à certaines personnes qui vont te dire : « Les couches lavables sont un retour en arrière, c’est ce que faisaient nos grands-mères ou arrières grand-mères. La place de la femme dans tout ça ? Tu reviens à faire les lessives des couches de tes enfants ! »

Chloé de Ralentir en famille : C’est une remarque qui est intéressante et tout à fait légitime. On peut se poser la question si ce n’est pas un retour en arrière. Pour moi, la réponse est non, pour plusieurs raisons.

Premièrement, les couches qu’on utilise aujourd’hui ne sont plus du tout les mêmes que celles de nos grands-mères. A l’époque, c’était un linge avec des épingles à nourrice et un sac plastique par-dessus. Ce n’était pas très confortable pour le bébé, ni pratique, et puis ça fuyait partout.

Ensuite, il n’y avait pas forcément de lave-linges à l’époque. Il fallait tout laver à la main, donc ça représentait une corvée énorme. Le sac plastique par-dessus pour étanchéifier, n’était pas du tout adapté à la morphologie. Ça faisait des fesses énormes, ce n’était vraiment pas optimisé.

Aujourd’hui, on a quand même fait des progrès au niveau de la conception des couches et des matériaux utilisés. On a des couches modernes, pratiques, jolies et puis beaucoup plus fines et agréables à porter pour le bébé. Ça n’a plus rien à voir ! De plus, on peut les laver à la machine, donc la contrainte est nettement réduite. Ça se résume à une lessive toutes les 2-3 jours en moyenne.

Les couches lavables vraiment plus écologiques que les jetables ?

On ne peut pas continuer à remplir la nature avec notre poubelle

décharge sauvage

Chloé de Ralentir en famille : Moi je considère que c’est plutôt un bon en avant dans le sens qu’aujourd’hui on ne peut pas fermer les yeux sur les problématiques écologiques. Les couches représentent une quantité de déchets absolument phénoménale. On ne peut pas continuer comme ça et remplir la nature de notre poubelle !

Mélissandre : C’est un vrai problème, j’avais fait la comparaison avec les protections hygiéniques parce qu’on a abordé les culottes de règles sur le blog. C’est un peu les mêmes choses qui sont utilisées pour des couches jetables. En tant que futurs parents, quand tu vois ce qu’il y a dedans, ça fait peur de se dire que les fesses de son bébé vont être en contact avec autant de produits nocifs.

Chloé de Ralentir en famille : L’aspect santé est le 2e argument après l’aspect écologie. Les couches jetables ont été montrées du doigt dans plusieurs études. Dans 60 millions de consommateurs, il y a quelques années, ils ont retrouvé un certain nombre de substances potentiellement toxiques comme des perturbateurs endocriniens, des substances cancérigènes etc. Ça pose quand même une question quand on sait que ces couches-là vont être au contact de la peau et des muqueuses 24h sur 24 pendant plusieurs années.

Mélissandre : Moi ce qui m’avait quand même choqué, c’était au niveau écologique. C’est un des déchets avec les protections hygiéniques et les lingettes jetables, qu’on retrouve le plus au niveau de nos eaux, à la mer, sur les côtes etc. Parce que souvent, ce sont des déchets qui ne sont pas recyclables, c’est géré un peu de manière sauvage. Les arguments de l’écologie et de la santé sont essentiels à prendre ne compte quand on doit choisir entre des couches lavables ou des couches jetables.

Des couches fabriquées à base de pétrole

ingrédients couche jetable
Crédit photo: https://www.niortagglo.fr/fileadmin/CAN/archives/pdf/guide_120702_b.pdf

Chloé de Ralentir en famille : En fait les couches jetables sont faites avec plein de matériaux assez complexes et la plupart issus du pétrole. Notamment le fameux SAP, qui est un gel absorbant à l’intérieur des couches. C’est ce gel qui a fait le succès des couches modernes. A l’intérieur il y a un gel en forme de billes qui absorbent les fluides et les retiennent. Le problème c’est que ça vient directement du pétrole.

Les couches sont impossibles à recycler. Elles sont faites de tellement de matériaux différents, qu’on ne peut pas les séparer pour les recycler. C’est soit enfoui, soit incinéré, mais une grande partie finit dans la nature malheureusement. Les lingettes jetables associées aux couches, c’est pareil. C’est un fléau écologique. Elles souvent jetées à tort dans les toilettes et ça crée d’énormes problèmes au niveau des stations d’épuration. On ne peut pas les traiter, les stations ne sont pas du tout conçues pour. Même celles dites « biodégradables », ne sont pas non plus destinées à se retrouver dans les toilettes parce qu’elles n’ont pas le temps de se dégrader avant d’arriver en station.

Mélissandre : Malheureusement, maintenant toutes les marques mettent un peu à tort et à travers « biodégradable » sur leur packaging. Biodégradable, ça veut dire tout et n’importe quoi. Quelque chose qui est dégradé naturellement par la nature en 300 ans, c’est biodégradable aussi !

Les couches jetables sont beaucoup plus hygiéniques et propres

Le diktat de l’usage unique

couches à usage unique

Mélissandre : Pour continuer, c’est vrai que l’argument que j’entends souvent quand on parle de couches lavables c’est : « C’est sale ». Peut-être que c’est le fait que bébé va rester dedans ? On a une obsession de la propreté et l’hygiène au 21e siècle, ça fait peur.

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C’est un peu la même image entre culotte de règles et serviette jetable ou mouchoir en papier et mouchoir en tissu. J’ai l’impression qu’on se dit « si ce n’est pas de l’usage unique, ce n’est pas hygiénique ».

Chloé de Ralentir en famille : C’est une remarque qui est aussi légitime. On peut se poser la question du contact des selles. Les selles sont pleines de bactéries, et au contact de la couche, la couche sera aussi sale etc.

Dans les lave-linges, on lave à 60 degrés, et les bactéries n’y résistent pas. Il n’y a pas grand-chose qui résiste à 60°C. Une couche bien lavée n’est pas plus sale que n’importe quel autre vêtement qui aurait traîné n’importe où dans la rue. Il est clair qu’il faut mettre en place une routine d’entretien, qui permet une hygiène correcte.

En couche réutilisable, l’enfant est plus souvent dans du propre

Chloé de Ralentir en famille : Je reviens sur ce que tu disais au début, que le fait de laisser son enfant dans une couche sale. En couche lavable, on va avoir tendance à le changer au contraire plus souvent parce que les couches ont une absorption qui permet de garder 3h ou 4h la couche. Les couches jetables avec leur SAP tout chimique, peuvent tenir bien plus longtemps que ça du moment qu’il n’y a pas un caca dans la couche. Et en plus, en jetable, si ce n’est pas la grosse commission, on a tendance à la laisser bien plus longtemps. Ainsi, en couche lavable, l’enfant est bien plus souvent dans du propre.

Mon bébé va avoir les fesses irritées en couches lavables

Les irritations dues aux couches

insert pour couche lavable TE2
Couche lavable avec insert. Crédit photo: Chloé Teil

Mélissandre : C’est quelque chose que je ne savais pas. Chloé nous a fait l’honneur de nous écrire un super article sur le blog qui explique tout de la routine de comment choisir ses couches, choisir la taille, la propreté, etc. Je vous invite à aller le voir ! La crainte que l’on peut avoir sur les fesses irritées de bébé en couches lavables à cause de la question de l’hygiène n’est plus légitime. Si en jetable, le bébé passe plus de temps dans sa couche qu’en lavable, l’argument se retourne.

Chloé de Ralentir en famille : Les irritations il peut en avoir des 2 côtés pour diverses raisons. Il y a des enfants qui réagissent au contact des couches jetables parce qu’ils tolèrent mal les matériaux qui sont utilisés. Il y en a d’autres qui vont faire des réactions avec les couches lavables pour certaines matières par exemple. Certains enfants ne vont pas du tout tolérer la microfibre et certaines matières synthétiques. Dans ce cas-là, on peut changer de matière.

L’humidité en couches lavables

Chloé de Ralentir en famille : C’est l’avantage aussi avec les couches lavables, s’il y a une matière qui ne convient pas, on peut toujours en utiliser une autre et arriver à trouver une solution. Les irritations peuvent arriver si les couches sont mal entretenues par exemple. S’il y a des résidus qui sont mal nettoyés, ça peut créer des irritations. En règle générale, il n’y a pas de raison qu’il y est plus d’irritation avec les lavables que les jetables.

On reproche souvent en couches lavables que l’enfant reste dans l’humidité parce qu’en couche jetable, le liquide est absorbé à l’intérieur. En fait, des couches zéro déchet sont faites pour recréer l’effet au sec avec un voile en polaire. C’est une matière hydrophobe, donc le liquide va traverser et la polaire va garder l’effet sec.

Ça prend trop de temps, ce n’est pas pratique !

Les collectes de couches

maman entrepreneuse

Mélissandre : Un autre argument auquel je pense concerne les parents actifs et qui n’ont pas toujours le temps. Je vais volontairement mettre un stéréotype. Si on prend le cadre dynamique, dans sa fast life, qui ne va pas avoir le temps, qui veut que ça aille vite et que ce soit pratique. On peut poser la question si les couches lavables vont être adaptées à son quotidien ? De même pour une maman qui a 3000 choses à faire à la maison ajoutées à toutes les contraintes du quotidien. Tu es maman et entrepreneuse, alors qu’est-ce que tu réponds à ça ?

Chloé de Ralentir en famille : C’est sûr que les couches lavables n’ont pas moins de contraintes que les jetables. Il y a forcément les lessives à faire, et on ne peut pas y couper.

Néanmoins, dans les grandes villes, il existe un service de collecte et de lavage des couches. Quelqu’un vient chez vous, récupère les couches sales, et vous en rend des propres à la place. Ça existe à Paris, à Annecy et dans plusieurs villes. En pleine campagne, ça va être plus difficile de trouver.

Connaître son pourquoi

Chloé de Ralentir en famille : Il faut quand même avoir l’envie de le faire et savoir pourquoi on le fait. Si c’est juste parce que j’ai vu la copine d’à côté qui le fait, ce n’est pas une bonne raison.Il y a quand même une contrainte aussi minime soit-elle. Ce sera toujours plus simple de prendre une jetable et de la jeter à la poubelle, que d’avoir des lessives à faire. Pour moi les avantages des lavables sont indéniables et contrebalancent cette contrainte.

Pour tout ce qui est nounou, sortie et compagnie, il n’y a aucun souci. On met dans le sac à langer une couche lavable à la place d’une jetable, et au lieu de jeter la couche sale à la poubelle, on la met le soir à la machine. Il n’y a pas de contrainte supplémentaire de ce côté-là.

Les couches écologiques ne sont pas utilisables en dehors de la maison

couche lavable comment ça marche
Crédit photo: Chloé Teil

Mélissandre : Quand on n’est pas à la maison, chez des gens ou quand l’enfant est avec quelqu’un d’autre, ça pourrait poser problème. On pourrait dire que le lavable ce n’est pas faisable. D’ailleurs est ce que c’est bien accepté dans les crèches ou les accueils d’enfants ?

Chloé de Ralentir en famille : C’est très variable. Chaque accueillant va faire différemment. Ça dépend s’ils en ont déjà vu, et s’il y a une volonté d’aller vers des alternatives écologiques dans la structure. Là où ont été mes enfants, ça a toujours été accepté. Au départ, les personnes peuvent être sur la réserve mais ça s’est toujours très bien passé.

Je conseille d’en discuter avec la personne, que ce soit crèche ou non. Il faut voir si elle a des réticences et à quoi elles sont liées. Est-ce que c’est parce qu’elle ne connaît pas ? Ou est ce qu’elle a eu une mauvaise expérience ? Après on peut proposer de tester en insistant bien sur le fait que ce ne sera vraiment pas plus compliqué pour elle. Les parents mettent dans le sac les couches propres et récupèrent les couches sales tel quel le soir. La fréquence de change est plus élevée mais c’est la seule chose qui change.

Mélissandre : Ça peut être un gros frein pour des parents, de ne pas vouloir imposer ça à son entourage ou à des inconnus. En fait c’est valable dans toutes les alternatives écologiques qui sortent de la norme. Comme ce n’est pas la norme, on n’a pas envie de l’imposer forcément. On se sent un petit peu trop des fois.

Chloé de Ralentir en famille :  Sans s’imposer, on peut proposer. Aujourd’hui, il y a quand même de plus en plus de crèches qui s’y mettent. Des enfants qui sont jetables à la maison, sont lavables à la crèche. C’est quand même de plus en plus courant et de mieux en mieux accepté. Il ne faut pas avoir honte de proposer de tester et puis voir après si ça convient ou pas.

Les couches d’occasion et la location de couches ? Super sale !

La location de couches neuves

Mélissandre :  Autre point que j’ai relevé dans l’article que tu nous a écrit, il existe des couches d’occasion. Comme c’est un investissement au début, si on ne veut pas payer trop cher ses couches lavables, on peut les acheter en seconde main ou les louer. Souvent les personnes disent directement « non c’est sale, impossible ! ». Qu’est-ce que tu dirais à des gens qui ont des a priori là-dessus ?

Chloé de Ralentir en famille :  Chacun sa sensibilité là-dessus ! Il y en a pour qui c’est vraiment impensable de mettre à leur bébé des couches qui ont déjà servi un autre bébé. Alors qu’entre 2 cacas de bébé, il n’y a vraiment pas de différence. Je comprends que ça puisse être bloquant pour certaines personnes.

Il est possible de louer des couches neuves. Ça veut dire qu’on vous envoie des couches neuves, vous les utilisez pendant la période de location et ensuite vous les renvoyez. Ensuite, la société les réutilise pour des gens qui n’ont pas cette exigence-là. C’est peut-être légèrement plus cher que de louer des couches d’occasion.

Louer les couches pour essayer

lessive pour couches lavables

Chloé de Ralentir en famille : Le gros avantage de la location pour moi c’est vraiment de pouvoir tester plusieurs systèmes, et plusieurs marques. Il faut vraiment trouver ce qui tombe bien, parce que chaque famille est différente. La morphologie du bébé rentre aussi en jeu. Le mode de vie peut influencer aussi. Bref, il y a énormément de choses qui font que certaines personnes vont adorer une marque et d’autres pas du tout. Il n’y a pas de couche parfaite qui convient à tout le monde. C’est pour ça que c’est important de tester.

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Pour les couches d’occasion, on peut les décrasser en profondeur à la réception. Après ce traitement du choc, normalement il y a 0 risque que des bactéries soient dans les couches. On peut vraiment les utiliser sans crainte.

Si c’est toujours bloquant, il y a toujours la possibilité d’acheter neuf. Je conseille d’acheter une ou deux couches de quelques marques différentes avant d’investir dans un lot complet. Si ça ne convient pas, là par contre, on aura perdu de l’argent pour rien.

Les couches jetables sont bien moins chères que les couches zéro déchet

Les couches jetables coûtent jusqu’à 1500 € au total

prix des couches lavables

Mélissandre : C’est un investissement quand même au départ. Le prix pourrait être un argument pour ne pas en acheter. Comme c’est une somme d’argent qu’on met d’un coup, on ne se rend pas compte qu’étalé sur 2 ou 3 ans, c’est rentable. Quand on voit les prix des couches jetables en magasin, ça coûte horriblement cher !

Chloé de Ralentir en famille : Surtout si on choisit les couches jetables « écologiques » les plus propres possibles. C’est vraiment très cher et inaccessible pour beaucoup de familles. Quand on fait la somme sur toute la période où l’enfant porte des couches, les couches lavables sont largement rentabilisées.

Il existe aussi tous les prix en couche lavable. Il existe des couches d’entrée de gamme et les couches de luxe. On peut s’équiper avec des bonnes couches, sans mette trop d’argent dedans. Les critères d’une bonne couche sont :

  • Si possible fabriquée en Europe voire en France
  • Avec des tissus certifiés bios ou au minimum certifiés au Oeko Tex
  • Fabriquée dans des conditions éthiques, pas par les ouvriers payés 30 cts de l’heure

En respectant tous ces critères, on peut s’équiper en couches neuves pour 300€ ou 400€. C’est un prix dérisoire, parce que sur 3 ans en couches jetables, on atteint facilement 1500€ voire plus avec des couches plus chères. C’est clair qu’au niveau financier, on s’y retrouve facilement sans aucun problème. C’est un investissement par rapport à des couches jetables où l’on paye une plus petite somme tous les mois.

Utiliser la liste de naissance pour économiser

affiche naissance

Chloé de Ralentir en famille : Une solution est de mettre les couches sur la liste de naissance ou de faire une cagnotte pour que les proches participent, au lieu d’acheter 12 000 doudous qui ne vont pas servir.

Mélissandre :  Quand je vois les listes de naissance des jeunes futures mamans aujourd’hui, je me sens perdue. Je ne suis pas en cours d’être maman, mais il y a des choses où je me suis vraiment demandée à quoi ça servait. Pourquoi il y a autant de choses compliquées : 15 doudous, 150 bodies, des accessoires à n’en plus finir ! D’ailleurs sur ton blog, tu as proposé une liste de naissance écologique pour accueillir un bébé minimaliste et conseiller les futurs parents.

Chloé de Ralentir en famille :   Effectivement, on se retrouve un peu plongé dedans la tête la première quand on attend un enfant et on ne sait pas trop par quel bout attaquer tout ça. On entend tout et son contraire. Les puéricultrices font des listes à rallonges sur leur site. Il y a beaucoup de choses, ça représente une grosse somme d’argent et ce n’est pas écologique. Il y a beaucoup d’objets en plastique dont on ne se sert pas longtemps. Dans mon article, j’ai mis des choses qui pour moi sont vraiment indispensables. C’est personnel et suivant le mode de vie ça peut varier. J’explique pourquoi, je me suis servie de tel objet ou pourquoi j’ai délaissé tel autre. Comment je me suis passée de certains objets qu’on conseille à la naissance etc.

En fait, un bébé n’a vraiment pas besoin de grand-chose. Un bébé a besoin d’être nourri, d’avoir chaud, d’un endroit où dormir et qu’on lui change sa couche. Et encore, la couche n’est pas obligatoire avec l’hygiène naturelle infantile.

Les conseils de Chloé pour se lancer sereinement dans les couches lavables

bébé sur le dos

Mélissandre :  Est-ce que tu aurais quelques conseils pour des parents qui voudraient se lancer dans les couches lavables et qui ne connaissent rien. Imaginons des jeunes parents qui vont bientôt avoir leur premier bébé. Quels seraient tes conseils pour qu’ils adoptent sereinement les couches lavables sans revenir aux jetables ?

Participer à un atelier découverte

Chloé de Ralentir en famille : Je dirais en premier : faites un atelier que ce soit en présentiel ou en ligne. Ça permet vraiment d’avoir un maximum d’informations fiables et à jour, par rapport à tout ce que vous allez trouver à droite à gauche sur internet. On trouve énormément de choses sur les couches lavables et c’est un sujet qui fait couler pas mal d’encre. On trouve parfois des infos complètement contradictoires. Faire un atelier permet aussi de voir les couches et les modèles qui existent.

La location de couches pour trouver celle qui convient

Chloé de Ralentir en famille : Ensuite, la meilleure méthode pour avoir plusieurs systèmes entre les mains, c’est de louer. Pour voir ce qui vous convient le mieux, c’est pour moi le passage obligatoire avant de se lancer. Si vous avez une amie qui en utilise, vous pouvez aussi lui demander.

Je propose en ligne des ateliers. Je propose aussi un pack avec atelier plus location pendant 3 semaines. Les parents peuvent tester différentes marques fiables que j’ai moi-même testées.

Y aller doucement mais sûrement

Chloé de Ralentir en famille : Un autre conseil est de ne pas trop se mettre la pression. Si on ne commence pas tout de suite à la naissance, ce n’est pas grave. On n’a pas besoin de tout faire parfait, ce n’est pas le plus important. Quand on accueille un bébé, il y a déjà tout le reste qui passe avant. Si c’est un passage de 2 à 3 enfants ou plus, peu importe, ça reste de gros chamboulements. Après un accouchement, il y a énormément de choses qui doivent se remettre en place. Ce n’est pas grave si votre bébé est en couches jetables pendant quelques jours voire quelques semaines.

Si jamais vous partez en vacances pendant 3 semaines et que vous repassez en jetables parce que c’est plus simple, c’est ok. Pour que ce soit bien vécu, il ne faut pas ce soit une contrainte.

Mélissandre :  Il faut l’aborder avec beaucoup de bienveillance. C’est un petit peu comme l’écologie en général. Se mettre une barre trop haute dès le début, c’est prendre le risque d’abandonner en cours de route.

Chloé de Ralentir en famille : Dans l’idéal, c’est mieux si les 2 parents sont d’accord pour utiliser des couches lavables. Il ne faut pas que les lessives et le linge à étendre, reposent sur une seule personne. C’est une autre organisation à mettre en place.

Attention aux sites frauduleux de couches lavables !

téléphone et ordinateur acheter des vêtements d'occasion

Chloé de Ralentir en famille : Dernière chose, comme dans le domaine des culottes menstruelles, il faut faire très attention au drop shipping ! Il y a des nouveaux sites de couches lavables toutes les semaines, et pour la plupart ce sont des couches chinoises de mauvaise qualité. Ce sont les mêmes que sur Aliexpress, alors quitte à acheter des couches chinoises, autant les commander directement sur Aliexpress. Je ne recommande absolument pas ça, mais surtout ne vous faites pas avoir avec les sites qui vendent des couches à 3€. Il y aussi les sites de drop shipping, qui les achètent à 3 € mais qui les revendent à 12€.

Mélissandre :  Tu fais très bien de le dire, je me suis faite avoir au tout début que je suis passée aux culottes menstruelles. Ce qui est horrible maintenant, c’est que les sites de drop shopping paraissent très pros. J’ai achetée des culottes, qui je pense n’étaient même pas des culottes de règles au final. Et quand j’ai mis le prix dans une marque française, j’ai vraiment vu la différence et la qualité !

Le mot de la fin

Mélissandre :  Pour terminer cette interview, on pose toujours une question aux personnes qu’on fait intervenir. Ce n’est pas une question piège ! Est-ce que tu pourrais nous raconter une anecdote ou quelque chose de drôle, de raté qui te soit arrivé avec ton expérience de couches lavables ? Ou sinon quelque chose pas écolo que tu fais pour démystifier cette image de l’écolo parfait ?

Chloé de Ralentir en famille : Moi j’utilisais des couches jetables pendant les 2 premiers mois de mon aîné. Avant de mettre en place les couches lavables, j’étais la première septique. J’ai aussi utilisé des couches jetables pour la nuit pendant un grand moment, parce que je ne trouvais pas de système de lavables qui tenait la nuit. Les débuts ça tâtonne un peu ! Ce n’est pas parfait mais faut l’accepter tout simplement.

Mélissandre :  Merci beaucoup Chloé en tout cas pour ce partage et pour ces nombreuses informations ! On mettre les liens de tes sites pour que ça puisse aider les personnes qui le souhaitent.

Chloé de Ralentir en famille : Sur le site, les personnes ont aussi accès à un PDF récap et à un groupe Facebook privé ou je réponds aux questions pour chaque personne.

Mélissandre :  Merci beaucoup pour cet échange, et à une prochaine !

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