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Le défi zéro déchet

Pourquoi choisir la culotte pour les règles ?

Cet article est dédié à toutes les personnes qui comme moi, reçoivent tous les mois (ou presque) la visite de dame Nature. Nous allons parler de l’alternative que j’ai choisie pour éviter les tampons et serviettes hygiéniques jetables : la culotte pour les règles ! La culotte menstruelle est notre 8e alternative zéro déchet pour des règles écologiques.

Les menstruations sujet tabou

Quand j’ai eu mon premier cycle menstruel, une fois passé le choc du « Attends, t’es en train de me dire que je vais vivre ça TOUS les mois pendant presque 40 ANS ?! » ma mère m’a mis un paquet de serviettes hygiéniques jetables dans la main avec un grand sourire agrémenté du classique « Ma chérie, maintenant tu es une femme ! ». Alors, en dehors du caractère non-inclusif de cette phrase, j’étais UN BÉBÉ ! Un bébé de 13 ans mais un bébé quand même ! Avec le recul que j’ai aujourd’hui, je peux affirmer qu’on ne parle pas assez des alternatives qui existent aux jeunes adolescentes. On ne nous explique pas non plus comment fonctionne notre cycle menstruel.

Protections menstruelles jetables
Protections menstruelles jetables: serviettes, protèges slip, tampons

Pour ma part, on ne m’a présenté que 2 choix possibles : la serviette hygiénique jetable et le tampon. Insérer un tampon pour la première fois est relativement traumatisant, j’ai donc opté pour la première option. Sauf qu’on ne parle pas de comment choisir ses protections ? Quelle forme à privilégier ? Quelle marque ? A quel flux s’identifier ? A quelle fréquence en changer ? Au-delà de toutes ces questions pratiques, les questions entourant les menstruations sont plutôt taboues en société. La douleur des règles, les syndromes prémenstruels, les effets secondaires des changements hormonaux ?

L’info principale qu’on nous donne c’est « met une serviette hygiénique ou un tampon comme toutes celles avant toi ! ». Mais au juste, il y a quoi dans nos tampons et nos serviettes ? En dehors de la composition des protections hygiéniques jetables, l’impact environnemental de ces solutions n’est pas abordé quand on a 13 ans. En avançant dans ma transition écologique, j’ai réalisé que cela faisait beaucoup de déchets dans toute une vie et qu’il faut en parler.

Pourquoi arrêter les protections hygiéniques jetables et adopter une culotte pour les règles ? Je vous dis tout dans la suite de l’article !

Les protections hygiéniques jetables, un danger sanitaire et environnemental

Adopter la culotte pour les règles pour protéger sa santé

D’après une étude publiée en 2020 par Zero Waste Europe 1, les protections hygiéniques jetables sont composées à 90 % de plastique. Cela englobe les serviettes, les protège-slips et les tampons. Pour les fabriquer, les industriels utilisent de gros volumes de pâte à papier, de coton, ou de rayonne viscose qui sert à produire un polymère super absorbant (PSA). D’autres composants chimiques pas très sympas interviennent. On peut y retrouver du polyester, du plastique (polyéthylène entre autres), des matières synthétiques (polypropylène…), des colles, des parfums, des colorants, mais aussi des pesticides et dioxines à cause du blanchiment des produits. Rien que ça !

Voici une illustration réalisée par Zero Waste France expliquant la répartition des matériaux dans nos protections :

  • Composition serviette hygiénique
  • Composition tampon

Parlons des risques pour notre santé d’utiliser des protections jetables. Parmi ces composés chimiques, certains sont identifiés en tant que cancérogènes, neurotoxines, allergènes, perturbateurs endocriniens et perturbateurs de fertilité 2.

Il n’y a actuellement aucune réglementation qui impose aux fabricants d’afficher la composition détaillée de leur produit ou les risques pour la santé.

Enfin, bien que rare, le syndrome du choc toxique occasionné par l’utilisation des tampons en majorité (mais aussi les coupes menstruelles) n’est pas à négliger. Le sang stagnant dans le vagin, il se crée alors un environnement très favorable à la multiplication d’une bactérie de la famille des staphylocoques dorés. Cette dernière sécrète une toxine qui transite dans l’organisme grâce à la circulation sanguine et affecte nos organes vitaux 3.

Adopter des protections menstruelles durables pour réduire ses déchets

Vous vous doutez bien, que si les composants de nos protections menstruelles jetables ne sont pas bons pour nous, ils ne le sont pas non plus pour l’environnement.

Étant composées à près de 90 % de plastique les protections jetables ont un lourd coût environnemental tout au long de leur cycle de vie.

Voici quelques chiffres issus du rapport de Zero Waste Europe pour illustrer l’impact désastreux de ces protections sur la planète :

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  • Chaque femme menstruée utilise environ 14 000 protections menstruelles dans sa vie
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  • Les protections menstruelles émettent 245 000 eq CO2 par an à cause de leur fabrication notamment

  • Rien qu’en Europe les protections menstruelles, les couches jetables et les lingettes totalisent près de 8 millions de tonnes de déchets par an

  • Les protections de règles à usage unique font parti des 10 déchets les plus retrouvés dans le milieu marin européen

La fabrication de ces solutions est très énergivore et on ne peut techniquement pas les recycler.

La pollution des eaux engendre d’autres problèmes : le risque accru de contamination bactériologique et la prolifération de microplastiques dans les eaux. Tout cela impacte la vie sous-marine et toute la chaîne alimentaire. Que de bonnes raisons pour passer à la culotte de règles lavable et réutilisable !

La culotte menstruelle ou culotte pour les règles : la solution zéro déchet

C’est quoi une culotte menstruelle ?

La culotte menstruelle est une culotte que l’on met pendant ses règles pour remplacer les protections hygiéniques jetables.

Les culottes lavables sont généralement composées de 3 couches :

Composition culotte menstruelle
Fonctionnement des couches d’une culotte menstruelle

En général la première couche qui absorbe est en coton (bio c’est mieux 😉).

La seconde couche qui retient le sang et les odeurs est en fibres naturelles comme l’eucalyptus.

Enfin, la couche qui empêche les fuites est en tissu imperméable. Pour que la culotte soit comme une culotte normale, il y a souvent une couche extérieure en coton.

Malgré toutes ces couches, les culottes de règles sont rarement discernables des culottes classiques même sous des vêtements moulants !

On enfile sa culotte le matin, on passe la journée avec, et on la lave le soir à la main ou en machine. Je garde mes culottes entre 8 et 12 heures, c’est-à-dire toute la journée. Cela dépend de votre flux et du modèle que vous choisissez, mais je n’ai jamais eu d’accident ! Si vous avez des règles très abondantes, ce qui n’est pas mon cas, il existe des culottes spécifiques sinon il suffit de la changer avant le délai de 8h.

Comment se servir d’une culotte pour les règles ?

Rien de plus simple que de se servir d’une culotte menstruelle. Il suffit de l’utiliser comme une culotte classique à la seule subtilité qu’il faut la laver (ou la laisser tremper) le soir pour celle de la journée et le matin pour celle de la nuit. Cependant, quelques points importants sont à maîtriser si vous voulez qu’elles durent dans le temps (à minima 3 ans) :

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  • On rince toujours le sang de sa culotte avant de la laver et obligatoirement à l’eau froide ! L’eau chaude fixe le sang sur les culottes.
  • Après les avoir rincées, vous pouvez les laver en machine à maximum 30 °C ou à la main et en évitant les lessives contenant de la glycérine ou du savon trop gras. En effet, ces lessives peuvent rendre le tissu moins absorbant en bouchant les pores. Je vous conseille une lessive écologique au lierre, une lessive à la cendre ou encore une lessive en poudre à base de bicarbonate de soude (mais sans cristaux de soude, trop agressifs pour les fibres).
  • L’adoucissant industriel n’est pas recommandé non plus pour les mêmes raisons que le savon : ils encrassent les fibres des culottes. En revanche, le vinaigre blanc est un adoucissant naturel qui n’obstruera pas les pores du tissu absorbant de votre culotte et qui a un pouvoir anticalcaire pour votre machine !
  • On oublie le sèche-linge, les fers à repasser, les sèche-cheveux ou les radiateurs pour ce type de lingerie, ça pourrait les abîmer et diminuer leur efficacité. Laissez-les sécher à l’air libre ou à la rigueur pour aller plus vite sur une serviette de bain disposée entre le radiateur et la culotte.
  • Pour les nettoyer en profondeur, on peut leur faire faire trempette dans un bain d’eau tiède avec du bicarbonate de soude, mais n’utilisez jamais de détachant industriel dessus ou de javel.

Personnellement, je les rince et lave à la main à chaque utilisation puis en fin de cycle je les passe toutes à la machine pour un nettoyage optimal.

Comment bien choisir sa culotte menstruelle ?

Il y a encore quelques années, le marché de la culotte pour les règles n’était pas encore très grand. Aujourd’hui, il existe un florilège de marques et acteurs se revendiquant tous plus féministes et écologiques les uns que les autres. En réalité, on a surtout affaire à des sites frauduleux qui n’ont pas du tout d’engagement envers les causes qu’ils prétendent défendre. Si je vous dis ça, c’est parce que je n’ai pas honte de le dire : je suis tombée dedans tête la première.

En ne voulant pas mettre trop cher à l’époque (j’étais étudiante), j’ai cédée à une marque qui avait l’air très propre en apparence. Je n’avais pas les connaissances pour discerner le vrai du faux et je me suis retrouvée avec des culottes chinoises de moins bonne qualité. J’ai appris une bonne leçon ! Les sites frauduleux sont de mieux en mieux faits surtout quand il s’agit de greenwashing. Je sais aujourd’hui qu’une lingerie menstruelle de qualité respectant les critères sociaux et environnementaux coûte un certain prix, mais qu’elle le vaut.

Je vous conseille ce guide, que je n’ai pas écrit, mais que je trouve très bien fait et très instructif pour y voir plus clair et choisir correctement vos culottes menstruelles.

En résumé :

  • Faire très attention à la marque choisie pour éviter le greenwashing
  • Choisir une culotte fabriquée à partir de matériau biologiques issus de cultures durables et éthiques
  • Choisir une culotte fabriquée localement (en France, on essaye) pour limiter l’impact du transport

Idée reçue : La culotte menstruelle est sale

Alerte idée reçue : la culotte menstruelle n’est pas sale. Le tissu absorbe le sang au même titre qu’une serviette hygiénique excepté qu’il peut en absorber une plus grande quantité. Certaines personnes ne sont pas à l’aise avec le sang des règles qu’il faut rincer et je peux le comprendre. Cependant, cela reste votre sang ! C’est naturel et fait partie de votre corps, c’est tout. Il ne va pas « tourner » ou donner des infections si vous gardez votre culotte la journée.

En comparaison, je trouve bien plus sales les protections jetables au vu de tout le plastique et les composés chimiques s’y trouvant. Avec une culotte de règles lavable, votre vulve est en contact avec du coton non traité et non pas avec du plastique et des pesticides.

Mon retour d’expérience sur les culottes pour les règles

Le pour et le contre de la culotte pour les règles

J’ai environ 2 ans de recul sur les culottes de règles. Je ne vous ferai pas un comparatif des différentes marques, d’une part parce que je n’en ai pas testé tant que ça et d’autre part parce que ce n’est pas l’objet de cet article.

C’est simple, les culottes de règles ont changé ma vie ! Avoir mes règles n’a jamais été aussi simple.

Voici les raisons qui font que je ne retournerai JAMAIS aux protections jetables :

Sérénité pendant les règles
La culotte de règles synonyme de sérénité !
  • J’enfile une culotte le matin, je la lave le soir, j’en remets une pour la nuit et entre temps : RIEN. SIM-PLI-SSI-ME.

  • Je n’ai plus besoin de me prendre la tête à calculer quand j’aurai mes règles pour être sûre d’avoir assez de protections hygiéniques. C’était le cas pour préparer son sac le matin, partir en vacances ou aller chez des gens.

  • Plus besoin de se compter combien de temps s’est écoulé depuis le dernier changement de serviette ou de tampon. A qui ce n’est pas arrivé de se réveiller 7 h plus tard avec le même tampon que le matin ? Et de constater que la culotte et le pantalon sont repeints ? Ou encore de se faire des films sur les risques d’infection qu’on est en train de courir ?

  • Ni même le problème au quotidien de trouver un endroit pour changer sa serviette ou son tampon (et de le jeter surtout).

  • On ne se pose plus la question en s’habillant si notre serviette hygiénique jetable se voit sous le jean moulant

  • Économie du porte-monnaie : je n’ai plus à acheter des protections tous les mois

  • 100 % zéro déchet

Pour être objective, il y a quand même des choses un peu moins funky à savoir sur les culottes de règles :

  • C’est un investissement au départ, le prix n’est donc pas accessible à tous, mais c’est le prix de la qualité aussi. Rien qu’en Europe, une personne menstruée sur cinq souffre de précarité menstruelle pour des protections menstruelles jetables classiques 4. Il faut aussi savoir que les tampons et autres protections menstruelles sont actuellement classés comme des articles non-essentiels par la Commission européenne, ce qui permet aux États de les taxer. Une accessibilité à tous pour les solutions réutilisables serait fortement appréciée.

  • Il ne faut pas avoir peur du sang, car quand on les rince, il va y en avoir ! Ce n’est ni sexy à faire, ni beau à voir ,mais bon, c’est naturel c’est comme ça.

  • Il faut les rincer dès qu’on les enlève sans laisser le sang sécher : problématique quand on n’a pas de point d’eau ou qu’on n’est pas chez soi.

  • Il en faut assez pour faire une rotation régulière sinon vous allez vous retrouver avec des culottes semi-sèches à remettre le lendemain (c’est du vécu).

Les autres solutions pour des règles zéro déchet

Si vous souhaitez avoir une protection intime zéro déchet et que la culotte ne vous dit rien, il y a d’autres solutions !

Vous pouvez choisir la cup menstruelle. C’est une « coupe » que l’on insère dans le vagin comme un tampon et qui va recueillir le sang. Il faut la vider plusieurs fois dans la journée et bien la nettoyer à chaque fois. Je ne l’ai pas testée et en toute honnêteté, je ne compte pas le faire, car je préfère n’avoir rien à vider dans la journée.

coupe menstruelle zéro déchet

Semblables aux culottes lavables, vous avez les serviettes hygiéniques lavables. Elles se clipsent sur la culotte et se changent presque comme une serviette hygiénique classique (en adaptant à votre flux).

Chaque solution a un coût différent et ses avantages et inconvénients, à vous de choisir !

Et vous quelle protection hygiénique utilisez-vous actuellement ? Qu’est-ce que vous pensez des culottes lavables ? Dites-moi tout dans les commentaires 😊 !

Pour suivre la suite de notre défi “Adopter 1 alternative zéro déchet par semaine pendant 52 semaines”, on vous donne rendez-vous dans la catégorie défi zéro déchet !

Nos sources

  1. Les coûts environnementaux et économiques des protections menstruelles, couches pour bébé, et lingettes à usage unique, Zero Waste Europe et ReZero 2020
  2. Women’s Voices for the Earth, Chem Fatale Report, 2013
  3. Le choc toxique, Inserm Informations
  4. Period poverty: Scotland poll shows women go to desperate lengths | Menstruation | The Guardian
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3 Comments

  • GOUJON Caroline

    Merci pour cet article très complet ! Çà fait un bon moment que je suis tentée et j’avoue que grâce à ton article, j’ai réponse à toutes les petites questions que je me posais. C’est top d’avoir un retour d’expérience avant de se lancer !

    • Mélissandre

      Bonjour Caroline,

      Merci pour ce gentil commentaire ! C’est le but, quand je me suis lancée, il y avait très peu de retours d’expériences et j’ai tâtonné. Maintenant je veux partager pour que d’autres se lancent en toute sérénité!

  • Nathalie

    Merci beaucoup pour cet article très bien détaillé et hyper intéressant ! Moi même je me suis converti aux culottes menstruelles il y a quelques années et je trouve que c’est la méthode la plus simple et écologique qu’il existe ! Bonne journée

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