TUTO : Comment faire des oyas maison ?
Vous en avez assez de perdre tous vos plants de tomates à cause des canicules estivales ? Vous souhaitez pouvoir partir en week-end sans retrouver vos plantes à l’agonie ? Spoiler : ces phénomènes ne sont pas près de s’arrêter et arroser l’équivalent d’une piscine olympique tous les soirs n’est pas la solution. Et si l’on vous disait qu’il existait une technique low tech pour aider ses petites plantes à survivre aux fortes chaleurs ? Une technique qui vous fait faire des économies d’eau et de stress si vous partez en vacances… Je parle des oyas ! Késako ? Dans ce tutoriel je vous présente comment faire des oyas maison avec trois fois rien et pour quelques euros seulement si vous suivez mes conseils.
On parle de quoi ici ?
L’eau au jardin
De l’eau, les plantes suffoquent !
Ce n’est un secret pour personne, pour vivre et aller au bout de son cycle, une plante à besoin :
- De CO2 et de lumière pour faire la photosynthèse
- D’eau car comme nous, sans eau elle se dessèche
- De nutriments captés par ses racines dans son sol
Le soleil et le CO2 sont bien présents, on peut compter sur eux. En revanche pour l’eau c’est une autre affaire… Quand vous avez trop chaud ou que vous faites un effort, que fait votre corps ? Il transpire ! Eh bien pour les plantes c’est la même chose grâce au processus d’évapotranspiration. L’eau suit un cycle :
- Les racines puisent de l’eau dans le sol pour alimenter la plante
- Cette dernière évapotranspire pour se réguler et relâche de l’eau sous forme de vapeur dans l’atmosphère, celle-ci réintègre le cycle de l’eau en participant à la formation des nuages et aux précipitations.
Sauf que… Avec les sécheresses que nous connaissons et qui arrivent dans des zones habituellement préservées, les plantes évapotranspirent beaucoup. Vraiment beaucoup : un chêne peut évapotranspirer 1000 L par jour ! Et quand vous transpirez beaucoup et que vous avez très chaud, qu’est-ce que vous faites ? Vous buvez ! (D’ailleurs pour lire notre tuto pour fabriquer un filtre à gravité c’est ici).
Plus d’eau consommée + forte chaleur + absence de pluie = assèchement des sols = mort imminente de la plante.
La gestion de l’eau : un enjeu primordial
Si c’est un enjeu majeur dans l’agriculture, la question de la gestion de l’eau est très importante même pour faire irriguer son propre potager. Comme suggérer dans notre article pour faire son potager, l’eau de pluie est une alliée. Mais comment faire quand il ne pleut pas ?
Arroser en permanence n’est pas non plus la solution. Tout d’abord, en période de sécheresse et de canicule, il fait chaud tout le temps. Ainsi, l’eau va s’évaporer avant même que les racines en profitent. Arroser la nuit alors ? D’accord, mais personnellement je dors à 3h du matin. Un arroseur automatique ? Si ce n’est pas un système de goutte à goutte, une majorité de l’eau pulvérisée est gâchée… De plus, arroser en continu habitue la plante à cela et elle risque de très mal supporter un stress hydrique. Comment fera-t-elle si vous vous absentez pour un week-end ? Justement faire des oyas permet de limiter les effets des températures en soutenant la plante par le sol… Je vous en dis plus !
Qu’est-ce qu’un oya ?
Un oya est une jarre en terre cuite ou en céramique poreuse que l’on enterre dans le sol et que l’on remplit d’eau. Grâce à la porosité du matériau, l’eau va pouvoir circuler vers l’extérieur du pot jusqu’aux racines des plants se trouvant tout près. En principe, comme les oyas sont destinés à être enterrés, la pression de la terre sur le pot couplée à l’appel des racines des plantes agit comme une succion de l’eau.
Les oyas peuvent être des pots de fleurs en terre cuite que l’on enterre jusqu’au bord, puis qu’on remplit d’eau avant de recouvrir avec une coupelle. Les végétaux autour de cette source d’eau vont la sentir et pouvoir aller boire quand ils en ont besoin sans se gaver d’un seul coup.
Cette technique qui fait s’agrandir les yeux comme des soucoupes à son évocation est utilisée depuis des siècles dans différents pays d’Afrique du Nord et d’Asie !
Les avantages et les inconvénients des oyas, pourquoi les faire maison
Les avantages :
- La plante ne subit pas un stress soit par manque brutal et prolongé d’eau soit par apport trop important.
- Les oyas aident toutes les petits habitants du sol à vivre en créant une humidité bénéfique. Or, sans eux, le sol serait mort.
- Les plantes sont autonomes : leurs racines vont continuer à aller puiser en profondeur ce qui n’est pas le cas quand elles s’habituent à être arrosées abondamment en surface.
- On économise de l’eau et il n’y a pas de petites économies avec cette ressource. On vous l’explique bien dans notre article sur les toilettes sèches.
Les inconvénients :
- Dans les zones où le gel sévit l’hiver, il vaut mieux déterrer les oyas pour éviter qu’ils ne se brisent.
- Il sera peut-être nécessaire de les remplacer au bout de quelques années car leur surface ne sera plus assez poreuse.
- Si vous les achetez neufs, ils ne seront pas du tout économiques… Comptez facilement une vingtaine d’euros pour un pot.
Faire des oyas maison : le tutoriel
Le matériel nécessaire pour faire des oyas maison
Pour faire des oyas maison vous aurez besoin de seulement 3 choses :
- Des pots en terre cuite
- Un matériau qui permet d’étanchéifier : ici nous avions un reste de silicone pour salle de bain mais ça peut être du mortier, un enduit hydrophobe, du joint…
- Une coupelle ou un couvercle (souvent présent pour mettre sous un pot de fleur)
Où trouver des pots en terre cuite gratuitement ?
- Réutilisez ceux que vous avez déjà.
- Allez faire un tour près des poubelles des cimetières (oui oui vous avez bien lu, les gens jettent parfois des trésors).
- Demandez autour de vous : c’est comme ça que j’ai récupéré une dizaine de pots !
Les étapes de réalisation
1- Nettoyez vos pots en terre cuite et faites les bien sécher au soleil
2- Bouchez le trou du fond (s’il n’y en pas tant mieux il n’y a rien à faire !)
3- Si vous voulez une plus grande capacité d’eau vous pouvez opter pour le grand modèle en collant 2 pots de même taille. Bouchez le trou du fond d’un des 2 pots seulement, il faut pouvoir remplir l’oya d’eau ! Dans cette configuration, il faudra veiller à bien étanchéifier la zone de jonction entre les 2 pots. Ceux présentés ont été réalisés avec du joint silicone.
4- Laissez bien sécher les pots en veillant à mettre un petit carton en dessous pour que le matériau choisi pour étanchéifier ne passe pas à travers…
5- Enterrez votre pot, plus est gros, plus le trou doit être profond également.
6- Remplissez d’eau à ras
7- Couvrez avec une coupelle pour éviter l’évaporation et que l’oya se transforme en pouponnière à moustiques.
8- Plantez vos plants autour ! Pour un pot d’une vingtaine de centimètres de diamètre et idem de profondeur, comptez environ 4 plants.
Faire des oyas maison : évitez mes erreurs !
Je vous l’avoue, j’ai décidé de faire des oyas sur un coup de tête sans même regarder les recommandations… Donc voici mes conseils suite à mon expérience !
Le choix du pot
Choisissez votre pot avec précaution, la moindre fissure ou fêlure conduira à une rupture sous la pression de l’eau et de la terre. Cela ne se voit pas toujours, surtout quand on vous donne gracieusement les pots…
Le choix du matériau d’étanchéité
Je vous ai dit de prendre un matériau qui fait l’affaire pour colmater ou boucher des trous mais choisissez le résistant à l’eau ! En prenant le premier enduit de rebouchage que j’avais sous la main, j’ai vu mon travail se décomposer au premier arrosage.
Test d’étanchéité
Vérifiez que l’oya est étanche au niveau du fond et de la jonction entre les 2 pots pour le 2e modèle. Cela est à faire AVANT de les enterrer. Je vous assure que déterrer un oya de 40 cm de haut parce qu’il s’est « bizarrement » vidé en 10 minutes, ce n’est pas drôle.
Ne pas mettre la charrue avant les bœufs
Ce point n’est pas crucial car j’y suis arrivée sans, mais le savoir m’aurait grandement facilité la tâche. Dans l’ordre des choses, il est préférable de :
- Enterrer les oyas
- Pailler le sol (aide à retenir l’humidité et limite l’évaporation)
- Planter ses tomates
Comme j’aime faire tout à l’envers j’ai commencé par le numéro 3. Avec l’expérience, il est bien plus simple de ne pas avoir à perturber un système racinaire déjà en place.
Le couvercle obligatoire
N’oubliez pas de couvrir le haut de votre oya fait maison après l’avoir rempli. J’ai d’abord utilisé une coupelle de la mauvaise taille ce qui m’a conduit à laisser un espace entre le pot et le couvercle… Donc une jolie porte d’entrée pour les moustiques.
En résumé, rien de plus simple que faire des oyas maison !
Pour conclure, ce tutoriel est vraiment à la portée de tout le monde. Faire des oyas devrait être intégré par tout petit jardinier en herbe au vu des bénéfices rencontrés. Bien sûr, sur de grandes surfaces de cultures, le système sera peut-être à revoir. Chaque oya m’a coûté moins de 2€ à réaliser grâce au travail de récupération et d’entraide. Alors quand est-ce que vous essayez ?
4 Comments
Floraine Cordier
Bravo pour le potager ! Bon à savoir pour les oyas…
Sam
J’ajouterais quelques détails:
– à la place du silicone pour reboucher le fond du pot le plus simple reste le liege (naturel) des bouchons – très facile a découper, tailler en cone, flexible et sans rejet nocif dans l’eau.
– enterrer toujours des pots en terre brute, si le pots a été peint il y a de fortes chances que la terre ne soit plus poreuse (en plus de se laisser dégrader au pied de votre tomate des restes de peintures et vernis).
– recouvrer le dessus des coupelles de votre oya de paille pour les protéger des chauds rayons de soleil, et entourer les emplacements de cailloux pour que ça reste visible
– laisser quelques brindilles de bois flotter et ressortir de l’eau. habituellement ça sert aux insectes qui tombent dans l’eau de ressortir mais là ça peut servir de support pour que de très petites araignées tissent leur toile. Même avec une bonne coupelle pour couvrir les insectes terrestres rampant pourront passer mais ce n’est pas grave, un moustique, aérien et bien plus gros ne pourra pas.
– En hiver il faut brosser l’extérieur du pot (pour enlever la terre) mais aussi l’interieur surtout si l’eau était calcaire (pas de l’eau de pluie) Un coup de vinaigre blanc permet d’enlever les résidus et de maintenir la porosité
Mélissandre
Merci Sam pour ces conseils !
En ce qui concerne le liège, ça a été testé et pas efficace ici, ça n’était pas 100% étanche.
Jujube 83
👋Nous avons environ 80 « oyas » faits maison depuis 6 ans. Ils sont enlevés de terre en fin de saison car ils ne sont jamais remis aux mêmes endroits; cela permet d’enlever le calcaire avec du vinaigre comme dit précédemment, mais surtout de remplir les trous de tous déchets végétaux de cuisine et jardin. Pour boucher le fond éviter le liège qui se délite, quant au silicone utiliser soit un silicone alimentaire, soit celui pour aquarium, inutile de mettre un produit susceptible d’être toxique 😂!!! les pots sont alimentés par programmeurs, chaque pot a son robinet ce qui permet de réduire l’apport d’eau afin que certains légumes puissent développer leurs sucres et parfums ex: tomates cucurbitacées.