upcycling de vêtement à partir de chutes de tissu
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Fabriquer de nouveaux vêtements sans matière neuve : les secrets de l’upcycling

Dans un précédent article, je vous présentais différentes façons de faire de l’upcycling de vêtement afin de réutiliser vos vieux habits. Deborah nous avait également présenté sa vision de l’upcycling pour une consommation responsable. Mais saviez vous qu’il était possible d’aller encore plus loin avec l’upcycling ? On peut fabriquer des vêtements sans utiliser aucune matière neuve. Ce concept, c’est Sofiane de la marque d’upcycling Azala qui nous en parle !

Azala est une jeune marque de vêtements outwear matelassés et 100% upcyclés. Leur idendité de créateur est ancrée autour de vêtements patchworkés faits mains. Leur engagement de marque est d’habiller sans produire. Leurs vêtements sont ainsi exclusivement composés de belles chutes de tissus, habituellement jetées ou brulées.

C’est quoi l’upcycling de vêtement ?

L’upcycling de vêtement (ou surcyclage) est un concept global qui qualifie les processus par lesquels des produits ou matériaux existants sont transformés en d’autres produits manufacturés d’une plus grande valeur, sans fabriquer de nouvelles matières premières. À l’inverse du recyclage traditionnel donc, l’upcycling introduit une notion de valeur ajoutée.

Dans l’industrie du textile, la notion d’upcycling de vêtement est particulièrement intéressante du fait de la grande quantité de déchets produits tout au long du cycle de vie d’un produit. En effet, que l’on s’intéresse à la partie amont de la chaine de valeur (pré-consommation) ou à la partie aval de la chaine de valeur (post-consommation), les leviers d’optimisation des déchets restent encore largement sous exploités, et l’upcycling vient apporter une solution pertinente pour solutionner cette perte sèche.

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En amont de la chaine de valeur notamment, les optimisations possibles sont quasiment infinies. Entre 15 et 20% des tissus tissés pour les usines de confection ne sont pas utilisés dans le cycle de confection de nos vêtements, ce qui, à l’échelle mondiale, représente une perte sèche de 60 milliards de m2 de tissus inutilisés chaque année, soit plusieurs milliards de vêtements potentiels jetés ou brulés avant d’avoir été portés.

C’est cet angle spécifique qui nous intéresse principalement, pour deux raisons, les optimisations sont possibles et pour le moment, trop peu de personnes s’y sont intéressées.

Un point sur l’upcycling de vêtement post-consommation

Bien que ça ne soit pas le sujet d’intérêt de cet article, l’upcycling pré-consommation mérite d’être présenté. Ce concept est celui qui vient directement à l’esprit lorsque l’on évoque l’upcycling. Il se concentre sur la gestion des vêtements en fin de vie (après qu’ils aient été portés) en y ajoutant un savoir-faire de confection pour offrir une seconde vie à des produits usagés.

À l’heure actuelle, l’upcycling de vêtement est logiquement l’apanage de créateurs d’un nouveau genre. Ceux-ci retravaillent des vêtements destinés à être recyclés (dans le sens traditionnel du terme) en proposant des créations, souvent uniques, à partir de cette matière existante.

Du point de vue écologique, cette méthode est ultra-rentable. Elle permet de recréer un cycle de vie sans créer de nouvelle matière, simplement après un travail de création et de re-confection. Du point de vue économique, l’inconvénient est la réciproque liée à la créativité nécessaire pour la conception de ces nouveaux vêtements, les produits issus de ce nouveau cycle sont nécessairement chers car non standardisés, et donc, non industrialisables. Du moins, pour le moment…

Comprendre l’upcycling de vêtement pré-consommation

L’upcycling pré-consommation c’est donc la méthode de surcyclage qui se concentre sur l’amont de la chaine de production d’un vêtement. Tout au long de la fabrication, et notamment au niveau de la confection, un nombre important de matière première est perdue. Pourtant, il existe des méthodes permettant d’optimiser et de valoriser ces déchets industriels inutilement jetés.

Les stocks dormants : un levier intéressant mais incomplet

La première optimisation à laquelle nous pensons tous, se concentre logiquement sur les stocks de tissus non-utilisés. Lors de la confection de vêtements, il est rare que la totalité d’un tissu soit utilisé. Tous ces tissus « dormants » sont ensuite stockés par les industriels, pour être ensuite parfois déstockés, et quelque fois détruits.

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Il s’agit pourtant du même tissu utilisé pour la confection. Et c’est pour cette raison que beaucoup de jeunes marques ont utilisés ce levier pour fabriquer des produits à partir de ces stocks « obsolètes » ou dormants.  

La multiplication de ces initiatives est une bonne nouvelle du point de vue environnemental. Il ne s’agit pas ici d’upcycling à proprement parler mais plutôt d’une optimisation à visée écologique.

Bien qu’il soit logique et nécessaire d’utiliser les stocks dormants plutôt que de refabriquer de la matière première (du tissu), cette initiative ne permet pas de traiter l’entièreté du problème. En effet, les stocks dormants ne représentent qu’une faible partie des textiles non utilisés qui sont principalement issus de la découpe des tissus en amont de la confection…

Travailler les petites chutes de tissus pour maximiser le bénéfice environnemental

De manière à pouvoir s’attaquer au gros de la perte de tissus issue de la confection, il faut en effet se concentrer sur une étape décisive qui est celle de la découpe de tissus.

Lorsque les confectionneurs reçoivent des rouleaux de tissus, avant de les couper dans la forme des différentes pièces d’un vêtement (manches, jambes, cols, etc.), ils passent par une étape préliminaire qui est celle du placement. À l’aide d’un logiciel, l’utilisation du tissu va être optimisée de manière à venir placer un maximum de pièces de vêtements utilisables et prêtes à découper dans le tissu. Bien évidemment, comme les parties d’un vêtement ne sont pas des pièces géométriques emboitables, l’utilisation du tissu n’est jamais maximale.

Une solution pour optimiser l’utilisation du tissu

Il est possible, en amont de la coupe, au moment du placement, de favoriser une découpe permettant de standardiser la forme des morceaux de tissus inutilisés, de manière à maximiser son utilisation.

Dans les pans de tissus « vide », on peut venir placer des formes géométriques identiques. Le résultat est simple, l’utilisation du tissu passe en moyenne de 85% à 95%. Ces formes géométriques peuvent ensuite être réassemblées les unes avec les autres pour reconstituer un tissu sous la forme d’un patchwork. Patchwork qui pourra ensuite être utilisé pour refabriquer un vêtement.

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Bien que demandeuse en temps (de confection), cette technique permet d’imaginer un début d’industrialisation pour l’upcycling de vêtement, avec un impact théorique immense à l’échelle mondiale !

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