Comment fabriquer une éponge tawashi avec vos chaussettes ?
Pour cette première semaine de défi, nous avons choisi de nous attaquer à la cuisine ! Parmi tous les objets du quotidien de cette pièce que l’on jette régulièrement, notre attention s’est portée sur…Les éponges ! C’est un objet assez anodin de prime abord, mais qui cache bien son jeu vous verrez. Dans cet article nous vous faisons découvrir son alternative japonaise zéro déchet: l’éponge Tawashi.
J’ai un souvenir très clair étant petite de cette éponge au bord de l’évier : elle lavait la vaisselle, la table, les tâches de tomate sur le t-shirt (avant que Maman ne voit !) et quand on renversait quelque chose par terre… Vite un coup d’éponge avant qu’un des parents nous enguirlande ! Bref, cette éponge était multitâche, ne sentait pas toujours bon, s’émiettait quand elle arrivait en fin de vie et était souvent remplacée par une nouvelle, plus jaune et plus moelleuse ! Ce plaisir à presser une éponge neuve dans les mains avec du liquide vaisselle. On pourrait presque être nostalgique de cette petite éponge !
Sauf que… En grandissant on a eu nos propres éponges et on s’est rendu compte que pour rester un minimum hygiénique il fallait en changer souvent ou procéder à ce que j’appellerai » Le rétrogradage des éponges ». C’est à dire, rétrograder la fonction de l’éponge au regard du degré de saleté de son utilisation. Et qui dit en changer souvent… Dit en jeter souvent ! Dans cet article nous vous expliquons pourquoi il est nécessaire d’adopter une alternative aux éponges synthétiques et comment le faire !
On parle de quoi ici ?
Les éponges, indispensables mais pas durable
Un procédé de fabrication 100 % plastique 100% toxique
Faire la vaisselle, nettoyer la cuisine, nettoyer la douche ou les toilettes, essuyer la table… Les éponges sont un indispensable dans notre quotidien. Les éponges en matière synthétique dominent le marché et sont malheureusement fabriquées avec 100% de plastique. Leur procédé de fabrication à partir de mousse de résine, qui est un dérivé de pétrole, est d’une part très énergivore et d’autre part non durable.
De par leur procédé de fabrication et leur composition, les éponges synthétiques sont responsables de microplastiques déversés dans l’environnement. Les microplastiques sont de toutes petites particules de plastique ( taille inférieure à 5 mm) que l’on retrouve aujourd’hui dans l’océan, dans l’environnement, dans les eaux de source et rivières, enfin bref, partout. Ils sont très toxiques pour les organismes les ingérant car ils ont la fâcheuse manie d’absorber et de stocker les polluants sur leur chemin tout en se fixant sur les organes. Par exemple chez les poissons, ils peuvent se fixer aux branchies et au système digestif. Cela perturbe leur fonctionnement mais aussi leur reproduction et se retrouvant...Dans nos assiettes !1
Les éponges ou un nid à bactérie dans votre cuisine
D’après une étude allemande publiée en 2017 dans Scientific Reports2 et menée sur 14 éponges de cuisine, les éponges ne sont pas si propres non plus. D’après cette étude, les pores des éponges synthétiques et leur capacité d’absorption d’eau, en font des incubateurs idéaux pour le développement de microorganismes. A cette étude s’ajoutent les articles scientifiques publiés dans Journal of applied microbiology 3 et The pediatric infectious desease journal 4. D’après ces articles, les éponges de cuisine sont non seulement des réservoirs de microorganismes mais aussi des disséminateurs sur les surfaces domestiques. Ils contaminent les mains ainsi que la nourriture, provoquant la propagation des agents pathogènes.
Ainsi, les auteurs recommandent de changer l’éponge de cuisine (= la jeter et non pas la rétrograder pour un autre usage comme on avait l’habitude de faire) au minimum une fois par semaine. On aurait voulu désinfecter nos éponges mais ces mêmes études montrent que même si la proportion de germes est diminuée d’environ 60%, elle n’est pas réduite à zéro.
Dernier point sur les éponges synthétiques et non négligeable, elles ne sont pas recyclables ou biodégradables ! Cela signifie que chaque éponge jetée est un déchet pur qui se retrouvera dans une décharge ou dans la nature. Changer une fois par semaine son éponge, c’est jeter une éponge par semaine soit 52 éponges par an et par foyer… Avec environ 30 millions de foyers en France, soit environ 1.6 milliards d’éponges à jeter. Alors oui, vous me direz que personne ne change autant d’éponge et on est d’accord même si l’analyse bactériologique est terrifiante. Nous ne le faisions pas non plus ! C’est pourquoi nous avons cherché une alternative durable pour l’environnement mais aussi pour notre santé.
Notre alternative durable et zéro déchet : l’éponge Tawashi
Nous voulions trouver une solution durable, sans créer de déchets et facile à mettre en place. C’est ainsi que nous avons recyclé nos chaussettes trouées pour réaliser des Tawashi ! Les Tawashi sont des éponges japonaises réalisées à partir de tissu de récup. Elles sont donc lavables et réutilisables presque à l’infini. Je dis « presque », car c’est comme tout, même mon t-shirt préféré a fini usé et bon pour essuyer les poussières… Et oui, le Tawashi ne « gratte » pas. C’est pourquoi nous avons une petite brosse à vaisselle en bois pour compléter. Il y a d’autres façon de fabriquer des éponges zéro déchet qui gratte ou en utilisant des produits naturels, on étudiera le sujet pour vous faire un article spécifique ;).
Matériel nécessaire:
- Du tissu de récup en forme de tube dans lequel vous pourrez découper des bandes assez élastiques : par exemple des chaussettes, des manches d’un vieux pull, des collants filés (oui ceux que vous venez d’acheter mais que vous avez filé en l’enfilant…C’est du vécu !)
- Des ciseaux
- Un métier à tisser le Tawashi :
- Première option :
- Une planche carrée en bois
- 28 clous
- Deuxième option (celle utilisée dans ce DIY car utilise des objets que nous avons déjà et que nous pouvons ranger après ;)) :
- Un couvercle ou une boîte carrée
- 28 pinces à linge (en bois c’est mieux 😉 )
- Première option :
Les étapes à suivre:
Etape 1: Fabrication du métier à tisser
Placez 7 pinces à linge de chaque côté du carré (couvercle ou boite) et espacez les de manière homogène. Même procédé avec les clous et le carré de bois : clouez 7 clous par côté.
Etape 2: Découper le tissu
Découpez des bandes d’environ 3 cm de large dans le tissu choisi : il vous faudra 14 bandes.
Etape 3: Monter les premières bandes sur le métier
Placez 7 bandes parallèlement sur le métier à tisser en les enfilant par-dessus les pinces à linge.
Etape 4: Tisser !
Placer le métier à tisser de façon à avoir les bandes déjà enfilées horizontales (image 1)
Tisser les 7 bandes restantes de façon verticale : accrocher la première bande à une pince à linge, faites passer au-dessus de la première bande horizontale, puis au-dessous de la deuxième bande horizontale, puis au-dessus la 3e et ainsi de suite jusqu’à la pince à linge du côté opposé (image 2). Pour les autres bandes, alterner le sens de tissage, si vous avez commencé par au-dessus avec la première bande verticale, commencer par en-dessous avec la deuxième et ainsi de suite (image 3). Vous devriez obtenir un motif de « croisillons » droits (images 4 et 5).
Etape 5: Faire le tour du Tawashi pour le fermer
Décrochez la boucle de la première pince à linge d’un côté sans la lâcher (image 1). Faites de même avec sa voisine (image 2) et passez la 2e boucle dans la première (image 3). Vous pouvez lâcher la première. Décrocher la 3e boucle et faites-la passer dans la 2e et ainsi de suite (image4) jusqu’à la dernière boucle qui vous servira d’accroche pour votre Tawashi (image 5).
Conclusion sur notre éponge écologique
Nous avons réalisé une dizaine de Tawashi avec des chaussettes trouées à qui nous avons offert une seconde vie ! Cela nous permet de changer notre éponge tous les 3/4 jours (si ce n’est tous les jours) et de les faire tourner entre elles en lavant les sales à la machine. Enfin, ces éponges ne nous ont rien coûté car nous avons recyclé. En recyclant et en ne rachetant pas d’éponge classique nous avons éliminé plusieurs déchets de notre maison !
Bien sur tout le monde ne voudra pas prendre le temps de fabriquer ces éponges. Heureusement, il existe des solutions zéro déchet à acheter prêtes à l’emploi !
On vous conseille en particulier, les éponges zéro déchet lavables en coton et toile de jute qui sont aussi efficaces. Vous pouvez par exemple en acheter, en cliquant sur ce lien.
Pour une solution prête à l’emploi 100 % végétale et zéro déchet, on vous propose également d’essayer les éponges luffa faites à partir de courge. Insolite non ?
Pour suivre la suite de notre défi « Adopter 1 alternative zéro déchet par semaine pendant 52 semaines », on vous donne rendez vous dans la catégorie défi zéro déchet !
Nos sources
- Les microplastiques, risques pour la santé et l’Océan, National Geographic, 2020
- Etude de la quantité de germes sur une éponge de cuisine , Scientific Reports 2017
- Etude de la caractérisation des organismes pathogènes dans une cuisine, Journal of applied microbiology 2003
- Etude sur la relation entre maladies d’origine alimentaire et germes issus de contamination dans la maison, 2000
4 Comments
Coralie
Bonjour,
J’ai même découvert une entreprise française qui fabriquait ses éponges avec des résidents de maisons de retraite…Malheureusement, je ne retrouve plus leurs coordonnées, mais je trouvais ce projet génial 😉
Mélissandre
Bonjour Coralie,
En effet super projet à faire, on a beaucoup à apprendre aussi des personnes plus âgées 🙂
Domergue Julia
Bonjour ! Je suis en train de fabriquer ma propre éponge Tawashi moi aussi. Pour le métier à tisser, j’ai choisi les clous car je ne connaissais pas la possibilité de la boîte. Donc merci beaucoup ! C’est dommage de n’avoir pas lu c’est article avant, mais comme ça j’utiliserai la boîte et les pinces à linge pour créer des éponges Tawashi de plus grande taille.
Mélissandre
Hello Julia, la méthode des clous fonctionne également et évite de devoir ranger systématiquement son métier à tisser 🙂