Sapin artificiel VS naturel, lequel choisir ?

A l’approche de la mi-décembre, la même question revient chaque année : sapin artificiel vs naturel, lequel choisir ? En France, en 2019, environ 7 millions de sapins ont été achetés pour Noël, dont 5.8 millions de sapins naturels et 1.2 millions de sapins artificiels ¹. Pour beaucoup le sapin naturel est « naturel » comme le nom l’indique et contribue favorablement au réchauffement climatique par stockage de CO₂. Pour d’autres, le sapin artificiel est meilleur car il peut être réutilisé d’année en année et ne fait pas l’objet de pesticides. D’un point de vue, impact environnemental, la réponse à la question sapin artificiel vs naturel n’est pas si simple !

Les Écolos Imparfaits ont mené l’enquête pour vous, afin de démêler le vrai du faux et apporter de vraies réponses basées sur des études et faits réels. Alors, sapin artificiel VS naturel, lequel choisir ?

Le sapin naturel

D’après une étude comparative du cycle de vie complet d’un sapin artificiel vs naturel, le bilan carbone d’un sapin naturel s’élèverait à 3.1 kg d’émissions de CO₂ par an contre 8.1 kg pour un sapin artificiel ². Cela correspond pour une voiture normale à un trajet de 125 km et de 322 km respectivement.

L’analyse de l’impact environnemental du cycle de vie des sapins, ne dépend pas uniquement des émissions en CO₂ qui influencent le changement climatique. En effet, on prend aussi en compte l’impact sur la santé humaine, sur la biodiversité et sur la gestion des ressources.

Des sapins loin des forêts

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Quand on pense au sapin de Noël naturel, on imagine souvent un beau sapin trônant au milieu d’une forêt. Peu de gens le savent, mais la culture des sapins en France et globalement dans le monde se fait via une production agricole et non dans les forêts.
Ainsi, couper un sapin de Noël ne revient pas à détruire nos forêts directement. En revanche la culture de sapins de manière agricole n’est pas sans conséquences pour l’environnement, loin de là…

Tout d’abord, la culture de sapin se fait en monoculture où rien d’autre n’est cultivé. En France ces hectares de champs de sapins se trouvent principalement dans le Morvan, la Corrèze, le Limousin, le Jura et les Ardennes ³. La production se répartit entre les Nordmann qui représentent 80 % des ventes et les Épicéas. Malheureusement, sur les quelques 6 millions de sapins naturels achetés, plus de 20 % sont acheminés en France depuis le Danemark ou la Belgique ⁴. Ce transport par voie terrestre alourdit significativement le bilan carbone précédemment énoncé, qui était basé sur le modèle canadien.

En monoculture on est très loin des forêts majestueuses auxquelles on pense dans l’imaginaire collectif. En effet, les arbres sont coupés entre 5 et 10 ans pour obtenir un sapin de moins de 2 m ³. Or, naturellement, un sapin Nordmann peut atteindre jusqu’à 60 m et comptez 40 m pour les Épicéas.
Ainsi, le traditionnel sapin de Noël n’est plus vraiment roi des forêts comme la chanson l’indique.

De plus, d’après l’étude d’Ellipsos au Canada, le sapin est loin des forêts mais aussi de nos habitations. Il se trouve que paradoxalement, l’impact environnemental le plus significatif est le trajet effectué en voiture pour aller acheter son sapin. Dans l’étude le trajet estimé est de 10 km aller-retour, mais plus celui-ci s’allonge et plus les émissions de CO₂ pèsent lourd dans la balance.

Le sapin naturel, destructeur de la biodiversité

Comme évoqué plus haut, les sapins ne sont pas cultivés en forêts mais en monoculture. Sans vouloir briser totalement la magie du sapin de Noël, la monoculture de sapin est très polluante à tous les niveaux. Le sapin dit « naturel » n’a en réalité plus rien de naturel du tout.

Les plantations de sapins sont devenues intensives et gérées de manière industrielle. Par exemple, un sapin de Noël en provenance du Morvan, y pousse sous perfusion d’engrais chimiques et aspergé régulièrement de pesticides à base de produits phytosanitaires ⁵. Le beau sapin trônant au milieu de votre salon subit en vérité jusqu’à 10 traitements chimiques par an et donc jusqu’à 100 avant d’être coupé⁵. Herbicides, fongicides, régulateurs de croissance cancérigènes pour assurer la forme conique tant attendue pour accrocher les décos de Noël, glyphosate… Tous ces produits sont utilisés actuellement sans ménagement dans les monocultures de sapins.

La monoculture empêche le développement de la biodiversité comme rien d’autre que des sapins ne peut pousser mais surtout détruit la biodiversité. L’épandage des traitements chimiques se fait par pulvérisation, ainsi, les produits phytosanitaires sont entraînés dans les eaux de ruissellement jusqu’à contaminer les lacs et ressources en eau des alentours ⁵.

Au-delà de contaminer les eaux, la pulvérisation intensive de traitements chimiques nuit gravement à la biodiversité. Par exemple, au cœur du Morvan, les cultures sont voisines d’apiculteurs dont les abeilles meurent successivement d’année en année, intoxiquées par les produits chimiques ⁵. De plus, pour installer leurs plantations, les responsables d’exploitation ont rasé des parcelles de forêt, arraché des haies indispensables, canalisé des sources et drainé les zones humides environnantes ⁵. Ces opérations sont des destructions d’habitat et d’écosystèmes locaux.

Si l’on compare sapin artificiel vs naturel, l’impact négatif sur la biodiversité du sapin naturel est 5 fois plus important que le sapin artificiel ². Rappelez-vous que vous ne garderez votre sapin que quelques semaines, est-ce que ça en vaut bien la peine ?

Comment choisir un sapin de noël naturel ?

Les labels pour choisir son sapin naturel

Les conséquences dramatiques de la culture intensive de sapins peuvent être fortement diminuées en choisissant un sapin labellisé et choisi le plus près de chez vous.

Voici quelques labels répertoriés par l’ADEME :

• Plante Bleue : La certification Plante Bleue rassemble des horticulteurs et pépiniéristes engagés dans une démarche de production respectueuse de l’environnement.

• MPS ABC : Le label MPS évalue l’impact environnemental des productions, en prenant en compte les consommations d’engrais, d’énergie, d’eau, de produits de protections des récoltes (insecticide, fongicide, herbicide…), la consommation de CO₂ de la production…

• PEFC : Le Label PEFC garantit au consommateur que le produit qu’il achète est issu de sources responsables et qu’à travers son acte d’achat, il participe à la gestion durable des forêts.

• Agriculture Biologique : permet d’identifier les produits issus de l’Agriculture Biologique

Néanmoins, même si un sapin bio est sur le papier meilleur qu’un sapin aspergé de pesticides, c’est aussi un sapin cultivé en monoculture.

Choisir un sapin en pot

Pour diminuer l’impact environnemental d’un sapin naturel, vous pouvez l’acheter en pot afin de le replanter ou bien le louer en pot. Cependant, vous ne pourrez pas le conserver à l’intérieur de votre foyer, les températures étant trop élevées pour ce conifère.
Une fois les fêtes passées, vous pourrez replanter votre sapin dans le jardin. Attention ! Les sapins peuvent atteindre 60 m ! Ne le replantez pas dans la nature n’importe où non plus. Si vous le replantez dans un écosystème qui n’est pas le sien, vous perturberez complètement l’équilibre local.

Que faire de son sapin naturel ?

Quand on pense aux végétaux, beaucoup se disent qu’il n’y a pas d’impact puisque c’est « naturel » et donc biodégradable.
C’est vrai sur le principe. Seulement, beaucoup de sapins ne sont pas encore récoltés correctement à des fins de revalorisation et finissent tout bonnement incinérés produisant encore plus de CO₂ .

De même un sapin floqué, équipé de neige artificielle ou dont les épines ont été colorées ne peut pas être recyclé.

Enfin, pour disposer correctement de ce déchet, rapprochez-vous des collectes locales. Une tonne de sapins permet de produire 300 à 400 kg de compost (si le sapin est bio svp) ⁶ ! Cela permet de créer un engrais naturel facilement.

Le sapin artificiel vs naturel

Dans le débat sapin artificiel vs naturel, beaucoup désignent le premier comme le mauvais élève.

Les émissions de CO₂ émises par un sapin artificiel ramenées sur 1 an s’élèvent à environ 8.1 kg de CO₂ par an. Ainsi, le sapin artificiel a à première vue un impact 3 fois plus important sur le réchauffement climatique que le sapin naturel².  
 
Pour autant, peut-on conclure aussi rapidement ?

Le sapin made in China

Les sapins artificiels viennent quasiment tous d’Asie et en particulier de Chine. D’après l’étude approfondie d’Ellipsos, la grande partie des impacts environnementaux du sapin artificiel intervient au moment de la production. Cela comprend la fabrication et l’apport en matières premières.

Le facteur 3 entre le sapin artificiel vs naturel, s’explique notamment par les matériaux nécessaires à sa fabrication. Les sapins artificiels sont fabriqués en plastique et métal (pour la structure). Le plastique est issu de l’industrie pétrochimique et donc du pétrole, une énergie fossile. Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, ce n’est pas le plastique qui est responsable de la plus grande quantité d’émissions de CO₂ dans la fabrication d’un sapin. En effet, si on compte, les branches, les supports, le socle et le tronc, c’est bien l’utilisation d’acier qui pose problème. En effet, même si l’acier est en général recyclé à 20 % ², l’extraction de minerais pour le fabriquer coûte beaucoup en ressources et en émissions carbone.

De plus, beaucoup de sapins artificiels sont maintenant floqués avec de la neige artificielle ou bien colorés. Tout comme le sapin naturel, cela est juste toxique et empêche toute forme de revalorisation.

Cependant, comme évoqué plus haut, c’est encore le trajet maison magasin de sapins qui coûte le plus cher dans les transports. Le transport Chine Europe est presque négligeable puisqu’ils les émissions sont divisées par le nombre élevé d’unités transportées.

Sapin artificiel vs naturel, un équilibre ?

Même si le sapin artificiel n’utilise pas de pesticides et a au final un faible impact sur la biodiversité, au regard du changement climatique et de l’épuisement des ressources, il reste le mauvais élève… Cependant, est-il possible d’inverser la tendance en rentabilisant l’achat d’un sapin artificiel ?

En moyenne les foyers gardent leur sapin artificiel 6 ans. Or, s’ils étaient gardés plus longtemps, les sapins artificiels pourraient devenir une meilleure solution que le sapin naturel. Au regard du changement climatique, il a été estimé qu’il faudrait 20 ans d’utilisation avant que le sapin artificiel devienne une solution moins polluante que le sapin naturel ². De même, un consommateur aurait besoin de garder son sapin artificiel environ 23 ans pour l’épuisement des ressources afin d’être équivalent à un sapin naturel acheté chaque année ². Ces chiffres restent des moyennes, si on prend chaque impact au cas par cas, c’est l’extraction de minerais qui remporte la palme d’or. Il faudrait alors garder son sapin 48 ans avant que son impact environnemental ne soit le même qu’un sapin naturel neuf chaque année ² !

Grosso modo, si on ne garde pas son sapin artificiel au moins une vingtaine d’années, ce n’est pas une solution plus écologique ou meilleure pour l’environnement. Peut-être que l’acheter d’occasion et le redonner à un autre utilisateur quand vous n’en voulez plus peut être une solution. Cela permet de ne pas se le coltiner 25 ans…

Il est intéressant de noter qu’en termes d’impacts sur la santé humaine, le débat sapin artificiel vs naturel n’a pas de vainqueur puisque pour un sapin non labellisé c’est équivalent.

Les alternatives aux sapins de Noël

Après avoir mené l’enquête sapin artificiel vs naturel, il semblerait que chaque solution ait de gros désavantages pour l’environnement. Ce qui est bien, c’est qu’il existe des alternatives vraiment écologiques pour un sapin de Noël sans impact !

Ne pas faire de sapin de Noël

On vous présente la méthode un peu radicale mais pas si insensée qu’elle n’y parait. C’est vrai, quand on y pense, si vous ne passez pas les fêtes de Noël chez vous, est-ce bien nécessaire ? Posez vous également la question de la signification d’un sapin pour vous. En avez-vous vraiment besoin ? Quand on pense à tous les impacts dramatiques sur l’environnement et le peu de temps qu’on garde un sapin, est-ce bien nécessaire ? Si c’est indispensable pour se mettre dans une ambiance chaleureuse, pas de panique, on a d’autres solutions !

Décorer ses plantes

A défaut d’un sapin, vous avez bien une plante verte ou de la végétation dans votre jardin ? Alors, pourquoi ne pas les décorer eux ? Le sapin est inscrit dans les mœurs collectives et pourtant on pourrait aussi bien décorer un pommier ou une haie. Par exemple, il n’y a pas de sapin de Noël à Madagascar. D’ailleurs découvrez la tradition qu’ils ont à la place, ici.

Fabriquer un sapin de Noël DIY

C’est la solution que nous avons choisi d’adopter cette année et pour tous les Noëls à venir ! Pour nous (et ça ne tient qu’à nous), la période des fêtes est importante, et sans sapin ça n’a pas la même saveur. Exit le sapin naturel qu’on garde 2 semaines ou le sapin artificiel qu’il faudra garder 20 ans.
Avec un peu d’imagination, de récup et de bricolage, il est possible de fabriquer soi-même un sapin.

Voici quelques exemples de sapins 100 % récup et 0 déchet :

• Un sapin suspendu en branches :

• Le sapin tout en carton :

• Réutiliser une palette en bois pour faire un sapin :

Nous avons réalisé un tuto DIY pour faire un sapin en bois de palette ou de récup dans un autre article. Découvrez-y comment faire vous même un sapin écolo !

• Une pile de livres comme sapin:

En résumé, sapin artificiel vs naturel lequel choisir ?

Alors à votre avis, sapin artificiel vs naturel, lequel on choisit ? Après cet article, pas si facile de répondre ! D’une part, il est clair que le sapin naturel est une meilleure option que le sapin artificiel, en particulier par rapport à l’impact sur le climat et l’épuisement des ressources. En revanche, la monoculture du sapin naturel est aussi une catastrophe pour la biodiversité (même en bio). D’autre part, si vous gardez votre sapin artificiel plus de 20 ans, vous réduisez de façon importante son impact environnemental. Pour nous ça revient quand même à se dire « qui est le moins pire ? ». Or, ce n’est pas vraiment écologique comme raisonnement. C’est pour ça, qu’on vous encourage vivement, à choisir une alternative au sapin de Noël 😉.

Qu’avez-vous choisi comme sapin cette année ?

On vous dit à très vite pour une nouvelle case du calendrier de l’avent digital des Écolos Imparfaits 😊.

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Nos Sources

1. Etude Kantar, achat des sapins pour les fêtes de noël, 2019
2. Comparative life cycle assessment (LCA) of artificial vs natural christmas tree , Sylvain Couillard et al. 2009
3. Le sapin de Noël, toute une histoire, Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, 2020
4. Comment choisir un sapin de Noël écologique, Actu Environnement, 2019
5. Sapins de Noël : excédé par les pesticides, il a tiré au fusil sur une cuve d’épandage, Reporterre, 2019
6. Que deviennent les sapins de Noël après les fêtes ? Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, 2020